Cet article examine la re-fondation par Pareto de la micro-économie à partir de sa méthodologie d’une théorie du choix rationnel basée sur les faits purs. Avant Pareto, les économistes de la première génération néo-classique avaient fondé leur approche sur une psychologie théorique et expérimentale similaire, d’un point de vue méthodologique, à ce que font aujourd’hui les économistes « behavioristes ». Au cours du xxe siècle, Pareto, et avec lui les micro-économistes « mainstream », ont traité l’économie comme une science séparée, fondée sur l’analyse du choix rationnel et complètement indépendante de la psychologie. Pourtant Pareto fit face à des problèmes fondamentaux, jamais vraiment surmontés. Dans cet article, l’auteur soutient que le tournant Parétien a contribué à reporter une rencontre fructueuse entre économie et psychologie, laquelle avait été suggérée sans succès à Pareto par Pantaleoni dès les premiers stades de la révolution parétienne. Cependant, et à en juger par le devenir de la science économique aujourd’hui, l’approche psychologique de l’économie d’un Pantaleoni, d’un Edgeworth ou d’un Jevons n’était pas aussi non-scientifique et métaphysique que le pensa et l’écrivit Pareto.