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Façonner le corps, régénérer l'individu et danser la nation

dans Université Lumière Lyon 2


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  • Date
    • 2014-10-01T02:00:00Z
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    • Née officiellement en 1944, inconnue du grand public en dehors d’Israël quoique largement pratiquée par des Juifs et des non-Juifs tant en Israël que dans plus de trente pays, de l’Asie à l’Europe en passant par les Amériques, s’enrichissant tous les ans de plusieurs centaines de nouvelles danses, la danse populaire israélienne (Rikoudéi Am en hébreu, littéralement « les danses du peuple ») semble toujours bien vivante en ce début du XXIe siècle. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Et pourquoi parler de cette forme dansée, ici, dans un numéro portant sur les présences au corps, dans une section sur l’immigration ? En quoi l’analyse de la création et du développement d’une pratique dansée spécifique peut-elle intéresser l’anthropologie sociale de manière large ? La réponse suit trois fils qui vont se nouer au cours de cet article : analyse quasi clinique de la construction d’un État-nation à travers l’élaboration d’une pratique corporelle ; réflexion sur le rapport au corps et l’incorporation ; question des modes « d’intégration » des migrants dans une nouvelle société. La (re)construction d’un État israélien dès les premières décades du XXe siècle s’accompagne de la volonté de « normalisation » de cet État-nation en devenir, selon les critères des nationalismes européens de l’époque : un peuple, une terre, une langue, une culture. Or les Juifs ayant vécu plusieurs siècles dans des environnements socio-culturels extrêmement divers, cette construction nationale doit passer par la création d’une culture unique qui permettrait d’unifier ces différences. Cette normalisation de l’État-nation se loge en outre dans l’élaboration d’un « Homme Nouveau », ou « Nouvel Hébreu », un juif « régénéré » dont le corps serait façonné pour répondre aux différents enjeux mis en avant par les pensées sionistes de l’époque : lutte contre les stéréotypes antisémites, construction/ « renaissance » d’un pays, unification d’une nation, etc. Combinant ces deux attentes du sionisme (culture nouvelle et transformation des corps), se crée une nouvelle pratique dansée, forme unique, unissant les citoyens de l’État-nation en devenir, et gommant les disparités issues des siècles vécus en diaspora aux quatre coins du monde. Revenir sur l’histoire de la création et du développement de cette forme dansée jusqu’à la situation actuelle permettra d’envisager sous un jour nouveau la manière dont la construction du corps humain selon un modèle spécifique est au cœur d’enjeux politiques allant bien au-delà de la « simple » question des pratiques artistiques.
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