Avant que le Qatar, Abou Dhabi et Dubaï ne s’engagent à compter des années 1990 dans la création de plateformes artistiques à forte visibilité internationale, du Musée d’art islamique de Doha au Louvre Abou Dhabi en passant par la foire Art Dubai, l’émir de Sharjah a en 1979 lancé une « révolution de la culture ». Celle-ci s’est traduite par une véritable politique publique de la culture fondée sur le livre, le théâtre et les beaux-arts, mais aussi l’enseignement supérieur. Cet article propose d’étudier cette politique culturelle entre 1979 et 2009, en mettant en évidence son orientation normative singulière pour cette époque : le panarabisme de type nassérien, alors partout sur le déclin. Ce choix idéologique est lié à la trajectoire historique particulière de la famille régnante des Qawāsim, mais aussi à une volonté de lutter contre l’influence culturelle saoudienne exercée sur la jeunesse locale via le salafisme.