Il est essentiel, dans l'histoire de chaque civilisation, de bien établir la part qui revient à chacune d'elles et, dans cette perspective, de lui restituer toutes ses dimensions, dans l'espace, dans le temps, dansses caractères intrinsèques. C'est à quoi s'est attaché André Guillou dans le présent ouvrage.

Après une longue et patiente lecture de toutes les sources, écrites et non écrites, il prend d'abord la mesure géographique de ce monde oriental, trop souvent restreint à la seule capitale de l'Empire. Puis il en décrit et en explique le modelé institutionnel, social, économique et culturel. A côté du petit monde des dirigeants et des milieux étroits ou se confinent l'art et la culture, réapparait, plus attentivement observé, plus largement pris en compte, un tout autre monde, rural, aux populations diverses, illettré, attache à sa tradition, profondément croyant et superstitieux, sérieux et sûr de lui, inquiétant par ses certitudes mais touchant par son ingénuité. La Bible est son épopée, non l'Hiade et l'Odyssée. Monde en croissance, bien différent de celui auquel se sont trop exclusivement intéressés certains cercles occidentaux d'erudits ou d'antiquaires, les uns absorbés par la nécessaire tâche de l'édition de textes inédits ou de l'héritage antique transmis par Byzance, les autres fascines par l'éclat des mosaïques, des bijoux d'or et d'argent, des richesivoires sculptes ou des manuscrits a miniatures, qui ornent les monuments conservés ou remplissent les musées.