Si le problème de l'intelligence artificielle se pose de façon cruciale à la communauté scientifique, c'est non seulement parce qu'elle renouvelle la logique, la linguistique ou la neurophysiologie, mais également parce qu'elle semble remettre en cause les principes mêmes qui fondent et nos conceptions du psychisme et les pratiques professionnelles qui en découlent. Quand les performances des ordinateurs deviennent indiscernables de nos propres performances, c'est toute notre psychologie qui est remise en question. Les croyances, les désirs et les intentions auxquels nous nous rapportons pour nous comprendre et dont nous nous autorisons pour inter-agir en confiance avec autrui relèveraient-elles uniquement des mythes que nous nous racontons ? Et puisque les catégories précédentes fondent des pratiques thérapeutiques, ces pratiques ne risquent-elles pas de perdre leurs assises réelles ?

Ces questions se posent. Mais l'état actuel de l'intelligence artificielle, en dépit des rodomontades de ses débuts est loin d'assurer des réponses. Les chercheurs qui travaillent dans ce domaine sont devenus plus circonspects ; c'est que le champ de l'intelligence artificielle n'est pas homogène : plusieurs conceptions du psychisme s'y affrontent. C'est aussi qu'il semble y avoir des limites à la formalisation informatique. La psychologie a encore de beaux jours devant elle et les pratiques psychologiques aussi. L'intelligence artificielle n'en aura pas moins permis de nous faire mieux saisir la singularité de la pensée humaine en même temps qu'elle aura contribué à d'importants progrès dans les domaines de la formation, du diagnostic et de la rééducation.

L'ouvrage aborde tous ces points. Les contributions qui le composent ont été distribuées en trois grandes parties : Architectures, Modèles, et Applications ; selon qu'elles mettent l'accent sur tel ou tel point particulier.