«Si Dieu m'aimait, m'aurait-il fait Noir en Afrique du Sud ?» demande tout de go Bernard Phiri, 20 ans, à la toute jeune enseignante missionnaire... Blanche. Celle-ci en est si troublée qu'elle va désormais porter son attention et concentrer son travail durant 34 ans sur les «surplus people» des townships, cette partie majoritaire de la population noire déjà «séparée» par les lois raciales de l'apartheid.

Joseph enverra-t-il ses enfants dans une école d'Etat bondée et dont l'enseignement bon marché prépare les Noirs à assumer leur sous-condition ou parviendra-t-il à payer une école confessionnelle privée qui leur donnera «plus de chances» ? Julie l'étudiante si douée, d'où vient-elle et comment expliquer ses absences répétées... jusqu'à découvrir que sa mère se prostitue pour payer sa scolarité dans un collège catholique...

De telles «anecdotes», par dizaines, ont fait l'histoire inavouée et quotidienne de l'apartheid sud-africain. Histoire de souffrance et d'humiliation mais surtout de Résistance ! Car partout, à chaque instant, c'est la vie qui est la plus forte, en réussissant à mobiliser ces qualités humaines essentielles : Amour, Fraternité, Solidarité.

Depuis peu, l'apartheid est «démantelé», effacé des textes. Mais il perdure dans les têtes et dans les cœurs. Proclamés lors des mémorables élections qui ont vu pour la première fois le vote des Noirs sud-africains, les mots d'ordre de «Réconciliation» et «Pardon» doivent encore s'enraciner, profondément.