A l'époque où l'U.R.S.S. implosait, inviter des "Soviétiques" à partager avec des collègues français leurs réflexions sur la faculté de mémoire et les faits de mémoire volontairement mutilés ou évacués du champ de la conscience collective d'un peuple ou savamment manipulés pendant soixante-dix ans, tenait de la gageure.

Cette rencontre a été conçue dans une perspective à la fois interdisciplinaire et humaniste.

Les disciplines sollicitées sont l'histoire, la littérature, la sociologie, la neuropsychologie. Les trois têtes de chapitre sont : Mémoire, cerveau et corporéité / Mémoire, conscience et société / Mémoire, conscience et temporalité.

Sont présentes ici, dans une approche plurielle, des réflexions sur le "for intérieur" de l'homme russe résistant à travers les siècles à différentes formes d'amnésie imposée, mais également des réflexions sur ses motivations à construire sa propre mémoire et la mémoire du monde. La mémoire "biographique" de chaque Russe est confrontée à la mémoire collective (historique).

La notion de l'identité de la Russie appelle la difficile question de l'idée de permanence dans le changement. Le souvenir ou l'oubli se définissent par rapport à l'expérience du temps. Toute mémoire ne peut s'abstraire de sa dimension émotionnelle ; celle-ci (sensation de l'idée de continuité, de survie) se traduit par la mise en relief de valeurs qui inspirent les droits de l'homme et le droit positif.

Aussi une réflexion sur l'enracinement de la mémoire s'impose à la nation russe et à ses citoyens face au problème du totalitarisme : sont ainsi diversement définies la "mémoire initiale" et la "liaison des temps".