Dans ce vieux palimpseste européen, les écritures se succèdent ; certaines, épuisées, effacées, grattées même..., émergent et réclament leur droit à la surface du parchemin. Parfois, des langues et des cultures - dites - minoritaires, périphériques, ne se contentent plus de constituer l'objet savant de la fouille philologique ou d'un exotisme soudain redécouvert, toujours provisoire et réclament leur plein droit à une parole propre, à un texte autonome.

La Galice, qui participa brillamment à l'enjeu de la littérature européenne médiévale, semble, ensuite, sombrer dans une longue nuit culturelle dont le jour ne commence à se faire qu'au XIX^e siècle. Dans ces processus de renaissance culturelle, la langue, la littérature, sont souvent amenées à jouer des rôles sociaux inattendus, emblématiques, voire épiques. Cela ne se produit pas sans soulever des questions importantes quant au fonctionnement du texte lui-même. La défense et l'illustration de la langue deviennent alors défense et illustration de quelque chose d'autre ; l'acte de parole devient un fait marqué. Cette aventure, toujours complexe et remplie d'obstacles, l'était tout spécialement pour la société galicienne : les faits culturels semblaient destinés aux musées et la langue aux dictionnaires, le devenir culturel semblait voué à n'utiliser que les valeurs autochtones, le recours à la tradition ou le folklore comme sources de légitimation sociale et de canonication esthétique.

La Galice semble cependant, à partir de 1975, s'engager dans une nouvelle dynamique. Ce dernier quart de siècle constitue un effort résolu pour dépasser cette situation et pour amorcer un dialogue ouvert entre l'écriture, les exigences de la modernité et l'image renouvelée de l'identité sociale. Cependant, les succès, dont certains particulièrement importants, n'ont pas réussi à masquer les déficiences qui persistent.

On essaye dans ce livre de "communiquer la situation" de ce processus encore en cours, d'en décrire les constantes et les tendances nouvelles qui s'annoncent avec force.