Ce qu'il y a de plus sûr dans le drame indochinois, c'est que l'on en sait peu de choses.

Sans doute ne revenait-il pas à des gouvernements changeants, d'endosser les responsabilités que l'on a tues.

Aussi bien ce petit livre se borne-t-il à un rappel bref mais capital, car c'est à la fin de 1950 que fut pris le tournant qui devait nous conduire tout droit à Dien Bien Phu.

Il ne s'agit ici que des événements vécus par l'auteur à Saigon, à Canton et surtout à Paris, où représentant personnel du haut-commissaire, il fut inévitablement contraint, au cours de son insolite mission, à des rapports parfois houleux avec nos dirigeants.

En somme, Vietnam 1948-1950 veut montrer comment le pouvoir central, après avoir oublié en chemin la solution qu'il avait adoptée, ne se laissant intimider ni par le désastre de Caobang, ni par la présence à la frontière du Tonkin d'une armée communiste chinoise puissante et déterminée, ni par le découragement qui s'était emparé de l'opinion anticommuniste vietnamienne au spectacle des tergiversations parisiennes, ce pouvoir central persévéra - les promesses américaines aidant - dans la poursuite d'une guerre "absurde" - l'épithète est d'un général - et sans espoir en raison de la nature du combat que nous livrait sans faiblesse le Vietminh.