«En France, on dessine l'arbre généalogique. L'arbre de vie - tree of life - est l'expression anglaise correspondante qui répond à la même préoccupation, mais sa valeur métaphorisante m'a paru suffisamment enrichir cette pratique pour que je la propose lorsqu'il s'agit d'étudier le processus de filiation et de parentalisation. Il s'agira ici de définir les conditions qui président à l'organisation de ce double processus que sous-tend la transmission des valeurs culturelles, au moins dans la famille réduite nucléaire, généralement bigénérationnelle, de notre société postindustrielle.

Les éléments de transmission intergénérationnelle montrent l'importance des conflits infantiles vécus par les parents dans leur mode de relation avec les bébés. Mais leur arbre de vie témoigne aussi de l'existence de fantômes dans la nursery. Lorsque l'arbre de vie est suffisamment ouvert et n'est pas marqué par la répétition interminable des conflits intergénérationnels, l'enfant peut s'affilier à son milieu culturel.» SL

Ainsi, l'arbre de vie fait référence aux processus de transmission transgénérationnelle sur lesquels l'apport théorique et clinique de Serge Lebovici a été fondamental. Mais il correspond aussi à la mission - qu'il s'était donnée et qu'il a accomplie jusqu'à la fin de sa vie - de transmission à l'égard de ses jeunes confrères. Les plus proches d'entre eux (Bernard Golse, Marie Rose Moro, Michel Botbol, Lisa Ouss-Ryngaert) participent d'ailleurs à l'ouvrage en balisant l'itinéraire de Serge Lebovici auprès des bébés et de leurs parents, sa place dans le développement de la psychiatrie périnatale, et en proposant un glossaire des principaux concepts de la psychopathologie des bébés.