Le cuir est omniprésent, à toutes les époques, dans toutes les civilisations. Matières infiniment «douées», la peau et le cuir n'ont cessé de remplir des fonctions étonnamment diverses : souple et veloutée, la peau sert depuis l'origine des temps à se vêtir ; dure et résistante, façonnée en cuirasse ou en bouclier, elle a su défier la pointe et le tranchant du métal des armes ; ferme et flexible, elle a fourni de quoi fabriquer pièces de harnachement et de sellerie, courroies de transmission ; légère et parfaitement étanche, elle a su devenir canots ou kayaks, récipients destinés à conserver l'huile, l'eau ou le vin... Parchemin enluminé, maroquin des portefeuilles ministériels, tentures dorées, peintes et gaufrées de Cordoue, quotidien des motards et des rockers, cuirs et peaux ont investi des domaines aussi divers que l'habillement, l'armée, le transport, le voyage, la liturgie, le théâtre, les beaux-arts. Au fil des siècles, tanneurs et mégissiers, pelletiers et parcheminiers, basaniers et savetiers, boursiers, culottiers, gantiers, gainiers, selliers et cordouanniers se sont mobilisés autour de la peau pour en révéler ses mille et une qualités et donner à voir mille et une suprises esthétiques...

Paradoxalement, le cuir est une matière aussi peu connue qu'universelle : son histoire reste à faire, tant sur le plan archéologique et ethnologique, qu'artistique et symbolique. Dans cet ouvrage, Eva Halasz Csiba explore la mémoire de cette «peau», si peu étudiée et nous emmène au cœur de ces lieux secrets que sont les tanneries où, grâce à l'alchimie de la transformation, une matière malodorante, chargée du tabou de la mort, se métamorphose en un matériau civilisé - ce cuir qui nous touche de si près tant il mobilise tous nos sens.