«En Grèce, il existait une loi qui commandait d'imiter en beau et prononçait une peine contre ceux qui enlaidissaient en imitant. Chassériau vécut toute sa vie sous l'empire de cette loi-là. Il eut toujours pour objet la belle humanité, les chevaux de race, les armes de luxe, la vie grande, généreuse et saine. Il exprima la beauté naturellement, comme on voit la lumière, comme on respire, comme on aime.

«C'est une des figures d'artistes les plus charmantes du siècle. La fierté de son caractère, la distinction brillante de son esprit, la hauteur de son idéal et ses combats pour l'atteindre, la richesse et la saveur originale de son œuvre, jusqu'à sa fin, brutale, au moment même où il arrachait à la gloire, entre Ingres et Delacroix, le laurier si longtemps disputé, tout en lui éveille la sympathie, excite l'intérêt, séduit l'imagination. Dans le groupe mêlé des peintres qui ont illustré cette époque tourmentée, il représente l'aristocrate, le gentilhomme d'art.

«Notre étude a été faite avec les souvenirs des amis encore vivants du peintre, les articles publiés sur lui par les écrivains de son temps, les archives de sa famille qui nous ont été largement ouvertes, et aussi, avec nos impressions personnelles.»

Publié en 1893, le livre de Valbert Chevillard fut le tout premier consacré à Théodore Chassériau, près de 40 ans après sa mort.