A l'aube de ce nouveau millénaire, les questions d'environnement émergent comme une préoccupation à part entière de l'avenir de nos sociétés. C'est ainsi que, répondant à des enjeux sociaux et économiques de plus en plus manifestes, la notion de développement durable nécessite une gestion à long terme des écosystèmes. Les "décideurs" ont un besoin pressant de références et de scenarii prédictifs. De nombreux programmes de recherche font largement écho à ces préoccupations.

C'est dans cette perspective d'ensemble que s'est inscrit le colloque "Equilibres et ruptures dans les écosystèmes depuis 20 000 ans en Europe de l'Ouest", organisé à Besançon en septembre 2000. Il a rassemblé une large communauté de chercheurs (paléo-environnementalistes, archéologues, historiens, géographes, spécialistes des écosystèmes actuels...) qui se sont appliqués à illustrer l'histoire ancienne et/ou récente des phénomènes naturels, des interactions entre l'homme et son environnement, et en ont éclairé les processus.

La période couverte par les soixante communications et les vingt posters présentés dans ce colloque était à la fois étendue : sur 20 millénaires, et bien circonscrite : de l'amorce de la déglaciation jusqu'au réchauffement actuel. Les principaux thèmes concernaient les phénomènes qui touchent plus particulièrement les interactions homme-milieu, depuis l'amorce de la recolonisation forestière pendant le Tardiglaciaire jusqu'à l'exploitation intensive récente et les déprises agraires marquant les dernières décennies. Une "attention chronologique" particulière a touché les périodes se situant juste avant le Néolithique, le Néolithique et la Protohistoire, les époques historiques pré-industrielles, la période actuelle.

Priorité était évidemment accordée aux données susceptibles de porter la réflexion sur les notions d'équilibre, de stabilité et, inversement, de changement, de rupture, de crise, de variabilité naturelle, ou encore de seuil...

De nombreux intervenants ont traité des questions touchant à la représentativité et la pertinence des données, à la définition temporelle et spatiale des phénomènes étudiés ainsi qu'à leur récurrence : temps évènementiel, qui correspond à la mise en place et au déroulement des processus de rupture, d'équilibre ou de lien entre ces deux dynamiques (la notion actuelle de durabilité trouve ici toute sa place), temps long qui s'appuie sur une importante série de données indispensables à la validation des modèles de dynamique à long terme, variabilité des unités spatiales concernées (implication locale, régionale, globale...).

La quantification des phénomènes retracés a parfois été abordée, qu'il s'agisse de caractériser les degrés de l'anthropisation des milieux, de la durée des phénomènes et des modes de réponse des écosystèmes ou des sociétés. L'accent a aussi été mis sur une approche de la dynamique et de la spatialisation des interactions entre les écosystèmes et les sociétés humaines (influence du niveau technologique, des variations de la densité de population, des modes de subsistance, des systèmes économiques...).

Ce volume regroupe quarante articles réunis en trois thèmes : Paléoclimatologie, Paléo-paysages et Peuplements, Bois et Forêts.