Théodore Chassériau (1819-1856) est une figure à part dans le panorama artistique français de la première moitié du XIX^e siècle. Très souvent, et trop hâtivement, classé entre la ligne pure d'Ingres et la palette flamboyante de Delacroix, son art singulier, étrange alliance d'énergie et de mélancolie, le distingue pourtant nettement de ses contemporains.

Romantisme autre mais également romantisme de l'autre : Chassériau est le peintre du manque, du désir et de la frustration amoureuse, de l'obscurité des sentiments ou de l'impossible partage. De bout en bout, alternant sensualité féminine et ambiguïté virile, sa peinture est exotique, au sens premier : elle interroge l'étranger qui est en nous. En posant à neuf les grandes questions de son temps, comme les libertés politiques, la place de Dieu, l'Orient rêvé ou colonisé..., les communications réunies dans ce volume dégagent la poétique propre du peintre de l'Algérie comme du portraitiste de Tocqueville, sa sociabilité particulière et placent son œuvre au cœur de nouvelles interrogations.