Décrire la vie, l'activité, les motivations des ermites provençaux, c'est, de l'aveu même de l'auteur, archiviste d'État à Genève, relever un défi, celui « de rassembler des documents sur une catégorie rare, dont le but est de se faire oublier ». Défi combien exigeant, tant sont lacunaires les informations sur ces assoiffés de solitude, de recueillement, de tranquillité, désavoués le plus souvent par la hiérarchie catholique, que sont les ermites. Et pourtant, au prix de quinze années de « traque » dans les archives, les évêchés, les communes, Catherine Santschi a réussi ce tour de force de dresser un tableau vivant, singulièrement attachant de l'érémitisme provençal.
Elle nous invite d'abord à un survol historique évoquant la tradition plus ou moins légendaire des îles de Lérins, les méditations de Pétrarque sur la solitude, les raisons de l'épanouissement de l'érémitisme en Provence. Les paysages pittoresques défilent ensuite, séduisants, à propos de la description des ermitages, de leur situation géographique, de leurs origines archéologiques et de l'attraction qu'ils exercent souvent en tant que lieux de pèlerinage. Mais c'est surtout par la description des ermites eux-mêmes que l'auteur fait œuvre novatrice : qui sont-ils, à quel ordre se rattachent-ils, d'où tirent-ils leur subsistance ? Saints ou fonctionnaires communaux, mendiants ou conseillers spirituels, fossoyeurs ou maîtres d'école, infirmiers en temps de peste, on trouve de tout dans cet ouvrage, mais au premier chef des témoignages d'ermites singulièrement édifiants.