La protection sociale a toujours comporté une dimension de proximité, qu'elle soit naturelle ou juridiquement organisée, dont on peut retracer l'histoire, dégager les formes, analyser les contenus.

Deux thèmes, au demeurant imbriqués, ont été ici privilégiés : dans une perspective sociale et institutionnelle, l'accent est mis sur les acteurs et sur les cadres de la protection sociale, qu'il s'agisse de la paroisse, de la commune, du département, des organismes de protection sociale ou de l'Etat. Aux actions publiques ou semipubliques qui se développent au sein d'espaces traditionnels ou spécifiques, s'adjoignent des actions privées issues de la philanthropie, du mouvement associatif, du monde du métier ou de l'entreprise. Dans une perspective politique et budgétaire, l'éclairage est porté sur le partage du champ du social entre les divers gestionnaires et les priorités qu'ils entendent faire prévaloir. Deux étapes peuvent être ici discernées : celle du désengagement de l'Etat qui, dès l'époque révolutionnaire, a fait retomber le poids du traitement du social sur les collectivités locales et la bienfaisance privée ; celle de la répartition des compétences entre l'Etat et les partenaires locaux du social, qui s'inscrit dans le processus de décentralisation depuis 1871. Les liens qui en découlent entre les différents acteurs soulèvent la question de l'originalité et du degré d'autonomie d'une politique sociale locale.

Au cours d'une carrière tout entière consacrée à l'Université, Pierre Guillaume a réussi à associer harmonieusement une activité d'enseignement exemplaire, l'exercice de hautes responsabilités administratives et la rédaction d'une œuvre scientifique de premier plan, en particulier dans le champ de l'histoire économique et sociale. Il y a ouvert les chantiers les plus variés, plus spécialement orientés dans ses dernières publications, vers l'histoire de la protection sociale.
Conscients du dévouement que Pierre Guillaume a toujours déployé au service de la communauté scientifique, ses élèves, ses collègues et ses amis ont tenu à lui rendre cet hommage fidèle aux récentes orientations de ses recherches.