RÉSEAUX DE SOLIDARITÉ
DANS LA GUADELOUPE D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

Les solidarités de proximité sont aussi diverses que variées dans leur mode d'expression, dans les familles, le voisinage, les groupes. Certaines disparaissent, d'autres s'adaptent, de nouvelles voient le jour. Le coup de main, archétype de solidarité attesté dans toute la Caraïbe, est demeuré une constante en Guadeloupe. La vitalité du mouvement associatif a permis, à travers le bénévolat, la conservation et la transmission de pratiques marquées d'authenticité culturelle. L'histoire a des implications perceptibles jusqu'à nos jours dans l'évolution du lien de proximité en Guadeloupe. Au sein des différentes strates sociales, les libres, les affranchis et les esclaves se sont regroupés, associés, sur l'habitation, dans les villes, et de temps à autre, dans les camps de marrons. Les colons blancs et les libres de couleur se sont organisés dans des loges maçonniques, les Noirs esclaves dans des confréries noires. Les premiers syndicats et mutuelles sont un prolongement des confréries noires et organisent de manière singulière les débuts des esclaves, devenus citoyens, dans la vie politique et sociale. De façon générale, la manière de développer des solidarités en Guadeloupe est souvent anachronique et impropre à générer « une » solidarité à caractère global. Les solidarités moulées dans l'environnement des individus sont, en outre, en inadéquation avec la solidarité nationale hexagonale dont seul l'aspect redistributeur a été retenu par les bénéficiaires.