Résumé

Exploration des racines de l'urbanité occidentale à travers les rues de la ville de Rome, matrice et modèle de la ville pendant de nombreux siècles. La rue y apparaît comme un révélateur de l'imaginaire urbain et la confrontation des sources documentaires et de l'iconographie permet d'éclairer les évolutions culturelles majeures de la ville.
Notre étude porte sur la rue à Rome à travers trois moments essentiels dans la constitution de notre urbanité. Le premier est celui de la fondation de la ville : l'éloignement du monde naturel est exorcisé par l'affirmation d'une continuité entre les ordres cosmique et humain, renouvelée par des fêtes ritualisées. Ce renouvellement garantit la préservation d'une régularité sociale en harmonie avec celle de la ville bâtie. La rue symbolise ce lien. Son oubli marque l'entrée dans la modernité. Le second mouvement dialectique correspond en effet au XVe siècle : la perspective instrumentalise la rue aux seules fins du pouvoir. Les habitants sont comme chassés de leur propre ville. Le dernier mouvement coïncide avec l'Unification et l'édification de la capitale. La rue ne sert plus qu'à circuler et les rues anciennes détruites marquent l'entrée de la rue dans le patrimoine. L'éloignement est alors total et nourrit certains mouvements hostiles à la ville, symptôme d'un malaise profond.