le domaine otto muehl édite et publie sous la direction de danièle roussel, les textes, manifestes, romans (inédits en français) de l'actionniste et utopiste viennois.

son but est de s'ouvrir à l'interprétation au sens large de l'actionnisme, qui après avoir pourfendu artistiquement le voile des interdits sociaux, s'intéresse à des recherches de formes de vie auxquelles l'art peut apporter sa part de réponses.

«je réalisai lentement et consciemment ce que signifiait la convocation de l'état à un enfermement de sept ans. j'éprouvai ceci comme un essai avilissant et sans aucun sens, un lavage de cerveau et de nerfs, et l'ai transformé en un voyage d'étude créatif dans les entrailles de la société. j'ai pris plaisir à clouer sur le tableau, avec pinceaux et couleurs, les effets démoralisants et omniprésents du mal. je pris la mesure de ce qui 'maintient l'ordre de la société au plus profond d'elle-même'».

otto muehl, l'actionniste viennois, fondateur de la «muehl kommune», fut condamné en juin 1991 à sept ans de prison. il entretint une correspondance nombreuse avec sa famille, des artistes et des amis, à cela s'ajoutent nombre de dessins et de peintures ainsi que les conversations de parloir qu'il eut avec danièle roussel. par les lettres, les tableaux et les entretiens avec lui, danièle roussel apporte un document éclairant, sur son temps de prison.

l'art et l'histoire de l'art en sont les thèmes principaux, le quotidien de la prison, la société autrichienne, l'effondrement de l'expérience communautaire, la correspondance avec les mères de ses enfants, tout cela fournit une image globale de la position singulière que tient aujourd'hui otto muehl par son art, aussi bien que par sa vie. ce livre fut édité en allemand en 1998 et présenté au palais lichstenstein à vienne sous protection de gardes du corps, ce qui révèle l'état d'esprit de vienne et de l'autriche face à ses artistes d'avant-garde. otto muehl sera à la suite de ce livre invité par peyman, (directeur à cette époque du burgtheater à vienne, qui fut le premier à mettre en scène les pièces de thomas bernard en autriche) à une soirée de lecture de textes de prison, au burgtheater ce qui provoqua un scandale semblable à celui de 1968, lors de l'action à l'université de vienne, exactement 30 ans plus tôt...