La féerie est, avec le mélodrame et le vaudeville, l'un des grands genres dramatiques du XIX^e siècle français. Théâtre du « grand spectacle » par excellence et forme populaire de surcroît, elle a longtemps subi les préjugés d'une critique littéraire qui, habituée à reconstruire le passé selon l'ordre factice de ses présupposés esthétiques et idéologiques, éloigne de son analyse toute forme échappant à ses conjectures. La féerie s'est pourtant inscrite au coeur des réflexions esthétiques sur le théâtre et a servi de creuset d'expérimentations pendant tout le XIX^e siècle. Des romanciers comme Nodier, Hugo, Sand et Flaubert figurent parmi la liste de ses auteurs, des critiques comme Gautier, Zola, Antoine et Baty saluent ses innovations en matière d'écriture et de mise en scène. Autant dire que la féerie a tenu une place essentielle dans le paysage dramatique français, encore trop mésestimée. Cette étude a cherché à combler un manque ; à partir d'un corpus de 700 pièces et de 1 500 documents relatifs à leurs représentations, elle propose une histoire et une poétique de la féerie entre 1791 et 1864, tout en essayant de mettre en perspective l'apport que constitue ce genre pour la réflexion sur les romantismes théâtral et littéraire.