Résumé

"L'objet de la médecine, ce n'est pas d'empêcher la mort à tout prix. C'est de soigner les gens, de s'en occuper. Il y a un moment où il faut reconnaître que chacun est arrivé au bout de son chemin." Ces paroles du Pr Jean-Michel Bolse, chef du service de réanimation médicale à l'hôpital de Brest, nous mettent d'emblée face à la réflexion sur les soins intensifs que soulève ce documentaire. Dans ce service la mort n'est pas considérée forcément comme un échec. Etre attentifs à répondre aux besoins des mourants, aux attentes des proches, s'occuper du patient jusqu'au bout telle est l'éthique de l'équipe médicale à l'oeuvre ici. Bernard Martino à la fois discret et présent filme le travail quotidien des soignants, leurs échanges où se disent les doutes, les familles au chevet de leurs proches face à l'irrémédiable ou l'espoir, l'espace de l'entretien entre les médecins et l'entourage des malades où l'accompagnement se fait grâce à l'écoute, l'hésitation, l'acceptation car accepter de voir s'en aller un patient fait partie du soin. L'objectif de la caméra, délibérément pudique, ne s'attache pas à nous montrer des corps en fin de vie. Elle filme des visages dans la réflexion, au travail et surtout les appareils dont la médecine moderne se dote pour "forcer la mort à concéder quelques pouces de terrain" soulignant à la fois le déni de la mort dans la société et l'importance des relations humaines dans cet hôpital du bout de l'Europe dans le Finistère où la fin de vie, le bout de la vie est la préoccupation, la terre de combat quotidienne des équipes soignantes.