La Question Chypriote représente un conflit intercommunautaire de longue durée, portant sur le partage du territoire et de la souveraineté sur l'île de Chypre. En dépit de décennies de négociations entre les communautés chypriote grecque et chypriote turque de l'île, sur un fédéralisme acceptable par tous et une normalisation des relations intercommunautaires, les sources de mésententes demeurent, comme l'a prouvé leur position respective concernant la dernière proposition de l'ONU, dit Plan Annan, de la solution au conflit chypriote. Avec l'échec de ce plan, seule la République de Chypre, représentée par l'administration chypriote grecque au sud de l'île, est devenue membre de l'Union européenne, en mai 2004. L'acquis communautaire demeure suspendu au nord, pour la République turque de Chypre Nord (RTCN). Le fait que la Question Chypriote représente un conflit territorial, politique, identitaire, régional et européen, nous amène à étudier la Question Chypriote avec une nouvelle approche géopolitique. Il s'agit non seulement d'étudier les rivalités politico-économiques et historiques entre des acteurs étatiques, mais aussi les réalités de la globalisation, les (trans-)formations des identités nationales, les représentations géopolitiques populaires, la tension et l'interdépendance entre l'espace et le lieu et les répercussions de celles-ci sur le lieu et le peuple qui y habite. Autrement dit, c'est une piste de recherche et de processus explicatif sur les lieux et les espaces, piégés entre modernité et postmodernité.