La géographie des humanistes
François de Dainville
Slatkine Reprints Genève
Préface. - De l'intérêt de préciser pour chaque époque les connaissances
de «l'honnête homme». - L'angle scolaire. - La géographie et son enseignement
chez les Jésuites français aux siècles de l'Humanisme. - Ce qu'il faut
entendre par la géographie. - Nouvelle méthode pour découvrir la genèse de
cette science. - Des oeuvres au milieu. - Levé d'une exploration à travers
l'histoire de la géographie. - En faveur d'un exposé inductif. - L'appel des
terres vierges1
Chapitre préliminaire. - A l'école des Maîtres parisiens
(1525-1550)
Des éléments de géographie épars dans les programmes de l'Université de
Paris, aux premières années du XVIe siècle ; - découverte de la sphère terrestre
dans le de Coelo d'Aristote ; - ses Météores, esquisse d'une géographie physique
; - limites méditerranéennes de leur information ; - observation et
analogie ; - l'hypothèque aristotélicienne sur l'avenir de la géographie. - Du
Monde1
Commentaires des docteurs médiévaux. - Quelques idées cosmographiques
d'Albert le Grand, de Thomas d'Aquin et d'Albert de Saxe. - Survivance
d'opinions ou d'erreurs fécondes au déclin du XIVe s. - Les humanistes et le
retour intégral aux Anciens ; les Paraphrases de Lefèvre d'Étaples7
Un «memento» de géographie mathématique : le De Sphaera, de Sacro Bosco.
- Résurrection des Astronomici veteres. - Les leçons de Fernel et d'Oronce
Finé. - Horizons géographiques d'un «barbiste» ; - le péril turc. - Le legs
des maîtres parisiens aux Jésuites11
Livre premier
Les origines de l'humanisme en géographie
(1550-1600)
«Conformando il tutto al modo Parisiense». - Le Collège Romain creuset
de la pédagogie jésuite. - Rome et les origines de la géographie humaniste19
Chapitre I. - L'ébauche d'une Géographie générale
I. L'étude des trois éléments
La physique géographique ; - programmes et leçons. - Quelques cours
péripatéticiens (1562-1570). - Les commentaires des Conimbres sur le de Coelo
(1592) ; - grandeur, division et habitabilité de la planète ; - Deus fundavit
orbem immobilem ; - la dispute des éléments ; - hauteurs et profondeurs ; -
de la formation des montagnes. - A l'entour des Meteorologica : les écrits des
Conimbres (1592) et du P. Richeome (1597) ; - les trois éléments ; - mise en
oeuvre du principe de géographie générale. - Sous le règne de l'érudition. -
Choix d'ouvrages pour le physicien géographe. - Les droits souverains de l'expérience.
- Érudition et expérience, chicanes et collaborations ; - un débat sur
l'origine des vents. - Géographie et méthode scolastique23
II. Les aspects mathématiques du globe terrestre
Manuels et programmes de l'apprenti cosmographe. - Le goût de l'humanisme
italien pour les sciences. - Cours publics et académies. - Un nouvel
Euclide, le P. Clavius. - Ses traités De la sphère (1570) et De l'Astrolabe (1593).
- Ptolémée et Copernic. - L'astrolabe plan. - Des instruments géographico-astronomiques
et de leur usage. - Méthodes directes. - L'ordo romanus en
France. - Influence de Clavius.
Affinités avouées de la cosmographie et de la physique géographique. - Une
ébauche de géographie génerale par des liaisons d'enseignements35
Chapitre II. - La Renaissance de la Géographie descriptive
I. La Methodus ad geographiam tradendam (1593)
Le P. Possevin. - Intérêt de son opuscule. - La description cartographique
de Ptolémée. - A travers la bibliothèque d'un humaniste géographe. -
Vers une géographie humaine et moderne. - La curiosité des Terres Neuves.
- A la manière de Strabon. - La géographie descriptive, «servante de
la philosophie morale»47
II. Aux marges des Livres-saints
La géographie auxiliaire de la science suprême. - Pour entendre la Bible. -
La géographie sacrée ; - sous l'égide de Moïse ; - programmes et sources ; -
une leçon-type : les haines et les alliances héréditaires des peuples. - Gloses
géographiques d'un exégète55
III. Pour lire les lettres humaines
Entrée de la géographie dans l'enseignement moyen ; - Au fil de l'explication
des auteurs, des rudiments par manière de digressions. - Ad captum
discipulorum modice. - «Qu'il n'y ait histoire que tu ne retiennes en mémoire
présente, à quoi t'aidera la cosmographie...» - Poètes et géographes ; - sur
les pas d'Ulysse ; - le romantisme des humanistes ; - Virgile. - Valeur et
lacunes de ces leçons «à la française». - Des prélections de Denys le Périégète
et de Mela aux premiers cours de géographie secondaire ; - notions générales ;
- description de l'univers ; - voisinage de la géographie ancienne et de la
moderne. - Généalogie et chronologie, aides indispensables du géographe. -
Deux écoliers trahis par leurs cahiers.
L'enseignement de la géographie chez les Jésuites du XVIe siècle ; - il est un
commentaire et une expérimentation. - La géographie de l'humanisme et ses
rêves de synthèse60
Chapitre III. - Les sources vives
I. - L'Humanisme
A la recherche des causes : humanisme et missions73
I. De l'érudition à une géographie de l'homme
Desseins de l'humanisme parisien. - Les Jésuites sous la bannière de l'humanisme.
- In antiquis est Scientia ; - apport des oeuvres géographiques de l'Antiquité.
- La grande enquête sur l'homme. - Une orientation capitale ; la
géographie, étude de l'homme sur la terre. - La théorie du macrocosme et du
microcosme, postulat fondamental de l'explication humaniste de l'Univers ; -
sa diffusion favorisée par les renouveaux du stoïcisme, de l'astrologie et de la
médecine. - Résurrection des idées antiques sur l'influence morale du climat. -
Observations «de l'air, des eaux et du sol». - L'essentielle notion de région
naturelle73
II. Les motions de l'humanisme chrétien
Réformation chrétienne, enseignement et science. - Indifférence d'humaniste
envers la nature. - Les Index orientent la science vers l'expérimentation. -
L'homme, premier centre d'intérêt pour l'humaniste chrétien. - La renaissance
de l'Écriture ouvre les yeux sur la nature, oeuvre de Dieu. - Spiritualité ignatienne
et contemplation des créatures. - Géographes en quête des marques
divines. - La géographie, preuve de la Providence contre les athées ; - naissance
et faveur du providentialisme géographique. - Pénétration de l'enseignement
par la théologie. - Théologie chrétienne et avènement de la science moderne
; - Le Christ «triomphateur des astres».
«Secrets de nature ne sont découverts à une fois...» - Le grand don de l'humanisme
chrétien : l'admiration. - Pas de vraie science sans admiration ; -
maîtres éveilleurs d'esprits ; - l'admiration maîtresse des missionnaires «descripteurs»84
Chapitre IV. - Les sources vives
II. - Les Missions
Les missions étrangères aux origines de la Cie de Jésus103
I. La formation du Missionnaire
OEillades apostoliques sur les cartes (1556). - Place de la géographie dans la
préparation technique aux Missions. - Son utilité comme instrument de contact
apostolique : Ricci, maître de géographie des lettrés de la Chine. - Une tradition
bien établie. - Directives de Possevin pour l'instruction géographique des
marins. - «Si je n'eusse eu la cognoissance de la cosmographie, c'étoyt fait de
nous ...»105
II. L'information du commandement
Obligation pour les Jésuites d'adresser au Général des rapports sur les pays où
ils missionnent. - Préoccupations géographiques de la stratégie missionnaire :
situation des champs de mission ; - de la découverte de liaisons rapides ; -
connaissance des conditions de climat et des genres de vie ; - occupation des
points stratégiques. - Les enquêtes des missionnaires sont orientées vers une
géographie de l'homme et l'observation du typique113
III. Lettres indiennes et histoires des Indes
On imprime et répand par l'Europe les lettres de missions. - Curiosités des
lecteurs. - L'intérêt que les Français prennent à ces lettres des Indes. - Elles
eur découvrent l'Orient. - Importance du facteur religieux dans le succès
de leur diffusion. - Première pensée d'une synthèse des données géographiques
qu'elles renferment. - L'Histoire des Indes de Maffei (1588), description très
humanisée du monde missionnaire. - Une oeuvre scientifique sur les Indes
Occidentales, l'Histoire naturelle et morale des Indes par le P. José Acosta (1590) ;
- des phénomènes physiques au Nouveau Monde ; - volcans andins ; - géographie
des nécessités vitales. - Écoliers et professeurs sont les premiers lecteurs
des récits de missions. - Le double rôle des missions : apport de connaissances
neuves, - affirmation du primat de l'expérience. - La première ébauche
de la géographie moderne, oeuvre de l'Humanisme et des Missions.122
Chapitre V. - Empreintes
Quelques témoignages de l'expansion de la géographie parmi les autres
connaissances.
Au cercle des philosophes. - La géographie éveilleuse de doute. - Les
fondements de la raison mis en cause par les grandes découvertes. - Penchants
de «l'esprit universel» vers le relativisme moral. - Réfutation par
Possevin du déterminisme prôné par Bodin comme base de la législation, par
Huarte comme fondement de l'éducation. - Des objections géographiques
contre l'unité de l'espèce humaine. - Scepticisme ou humilité.
Regards de théologiens. - La propagation de la foi mesurée par le chiffre et
la carte. - Des cartes vaticanes. - Progrès de la notion de catholicité et prédominance
croissante de l'élément d'universalité géographique ; - une carte
des religions. - Observations sur les religions païennes. - Un problème actuel :
le salut des Infidèles.
Par les champs de l'action. - Missiologie et géographie. - Le De Natura
orbis du P. Acosta (1588) ; - des trois classes de Barbares et de la technique
apostolique qui convient à chacune d'elles ; - «Un livre d'or» d'action
missionnaire. - Le Ratio procurandae salutis de Possevin (1593) : sources et
directions. - De l'adaptation au milieu local. - Divisions ecclésiastiques,
expression des progrès de la géographie.
En lisant poètes et gens de lettres. - Traductions d'ouvrages géographiques.
- Leçons de géographie en vers pour les Dames. - La géographie des
météores, thème poétique. - Curieuse contribution des écrits de spiritualité
et de controverse à la diffusion des connaissances géographiques. - Par l'image.
Le miroir du langage. - Le langage, miroir de l'évolution étudiée entre
1550 et 1600 ; - il évoque l'enfance de la géographie moderne, dénonce les
facteurs de sa croissance et l'intérêt qu'on lui porte139
Livre II
L'essor de l'humanisme en géographie
(1600-1660)
Orientations de l'évolution géographique en France au XVIIe siècle167
Chapitre I. - De l'histoire au présent
I. L'univers des cahiers de rhétorique
Protestations à l'encontre d'un enseignement passif. - Les préoccupations
érudites de l'Universi Orbis Descriptio du P. Lagrille (1614). - Préférences
du P. Bonvalot pour la géographie moderne (1611). - Même tendance chez
d'autres confrères. - Une innovation pédagogique de Petau : les vers mnémotechniques
au service de la géographie ; - la Geographia nova du P. Léonard
(1655)169
II. En explorant les manuels
Le De situ Orbis annoté du P. Bassol (1620). - De la Gaule à la France : la
Galliae geographia veteris recentisque, du P. Monet (1633) ; - le Pharus Galliae
Antiquae de Labbe (1644) ; - un ouvrage perdu du P. Vignier. - Image du
monde par Cluvier (1629) ; - préjugés d'Allemand et de protestant. - Paraphrase
française par Labbe, la Géographie Royalle (1646) ; - ses qualités et ses
défauts. - Sous l'autorité des Anciens177
III. Géographie comparée
Le P. Ph. Briet et ses Parallela geographiae veteris et novae (1648) : sources ; -
tableaux anciens et modernes ; - de la nature et des moeurs ; - traditions de
l'humanisme géographique ; - une Galerie des caractères européens ; - chorographie
par diocèses à la Ptolémée ; - «Ouvrage ne fut jamais plus utile pour
faire une juste comparaison de l'Ancienne géographie avec la Nouvelle.»188
IV. Le divertissement des petits écoliers
Pour disposer à la lecture de Briet : le Despautère nouveau, du P. Pajot (1650)
- une grammaire latine truffée de géographie ; - la France et l'univers à la
portée des écoliers de sixième ; - de la tradition des grammaires farcies ; -
gourmandises fatales. - Digressions géographiques en marge de Cicéron. -
Atlas et cartes scolaires.
Tendances de l'évolution : expansion de la géographie dans l'enseignement
moyen ; - inclination pour l'étude de la Gaule-France ; - passage de l'Ancienne
géographie à la Moderne. - Que la géographie des maîtres en belles-lettres
demeure un art197
Chapitre II. - Progrès de l'observation et des théories
I. De la Sphère
Du commentaire au cours. - Notre sphère au sein de l'Univers ; - rapide
diffusion chez les Jésuites des découvertes de Galilée (1611-1618) ; - l'Affaire ;
- le compromis de Tycho-Brahé universellement adopté ; - «métaphysiquement
l'hypothèse de Copernic ne répugne pas». - Autres notions sur la sphère.
- La Terre australe et inconnue. - Rudiments de géographie descriptive. -
De l'usage des globes. - Formation topographique de capitaines en herbe ; -
la Géométrie pratique du P. François (1657). - Cours d'hydrographie. - Recherches
astronomiques en vue des longitudes209
II. La physique géographique des péripatéticiens
Apparente continuité du magistère d'Aristote ; - «le joug d'Aristote était
pure fiction» ; - la victoire du cours dicté sur le commentaire oral, expression
pédagogique d'une révolution. - Quelques traités de Meteoris ; - Crassot (1619) ;
- opinions nouvelles sur des problèmes anciens. - Des libertés d'Arriaga en
son Cursus philosophicus (1632). - Thèses publiques. - Un précurseur de Descartes
: le P. Scheiner ; - des taches solaires à la corruptibilité des astres221
III. Des Nuées cartésiennes
Le rêve de Descartes : que ses Météores soient enseignés par les collèges des
Jésuites (1637). - Nouveauté des Météores cartésiens ; - ils sont ordonnés aux
nues ; - les vents, leur formation ; - des raisons de leur extrême diversité ; -
nuées et brouillards ; - tempêtes sous les tropiques. - Part des théories et de
l'observation. - Les cieux de Hollande peints par Descartes. - Quelques
informations reçues des marins d'Amsterdam. - Démarches de Descartes
pour faire agréer les Météores par les Jésuites (1637-40) ; - échec ; - il se venge
en publiant les Principia philosophiae (1644)231
IV. Le Monde de Descartes
Théorie mécanique du système planétaire. - La terre, astre éteint. -
Géniale intuition du feu central et de la morphologie ; - explication des dislocations
de l'écorce par la contraction ; - aux sources de l'hypothèse cartésienne :
le P. Scheiner et la Genèse. - Les tourbillons, cause des marées. - Origines
des sources. - De l'évaporation. - Contre l'évidence, pour l'origine marine des
rivières. - Genèse des métaux et tremblements de terre. - Nouvelles démarches
de Descartes auprès des Jésuites ; - attitudes diverses ; - on le cite à côté
d'Aristote.
Pour le progrès contre une revolution. - Un libre éclectisme. - Crue de la
géographie dans les cours de sciences242
Chapitre III. - Synthèses
I. Une géographie de la mer
Le P. Fournier aumônier de la flotte et hydrographe. - Une encyclopédie
marine : l'Hydrographie (1643).
L'homme et la mer. - Grandes puissances maritimes. - De l'utilité des
navigations. - La liberté, âme du commerce. - Le trafic français. - La vie
sur les mers. - Avec les pêcheurs.
La mer. - Le mystère de ses marées. - Le flux, «fièvre de la mer». - Les
«courantes» et leurs causes. - Des vents. - Emprunts de Fournier aux
Météores cartésiens. - Un précurseur de l'Océanographie.
Aspects géographiques de l'art de naviguer. - Un traité de la sphère en
forme de dialogue. - Des instruments dont on se sert sur mer. - Méthodes
diverses pour la détermination des longitudes ; - les préférences du Jésuite
pour l'estime et les montres marines. - Solutions graphiques : cartes réduites
et itinéraires ; - les projections subglobulaire et pseudo-orthographique de
Fournier. - Primat de l'expérience. - Un appendice : la Geographica Orbis
notitia (1648) ou description géographique des rivages marins et des rives
fluviales.
L'Hydrographie, livre de chevet des capitaines. - Aptitudes pour la géographie
des pages et mariniers de France257
II. La Science de la Géographie (1652)
Cours d'un vieux maître de Descartes, le P. François. - La géographie est-elle
affaire de mémoire ou science d'entendement ? - Des quatre échelons qui conduisent
à la perfection de cette science. - Conseils aux éducateurs. - La géographie,
synthèse des principes pris de la Physique et de la Mathématique.
«Des divisions géographiques». - Lieux et climats mathématiques. - Les
divisions topographiques, base essentielle de l'étude du géographe. - Aspects
quantitatifs de la terre et de l'eau. - La terre en sa «matière et figure». -
Par les chemins d'eau. - Les îles de la mer. - Fonctions des montagnes...
«muraille et rempars naturels» ; - «... autant de grands réservoirs d'eau en
consistence de neige» ; - des cartes expresses pour représenter les seules montagnes.
- Une table des fleuves. - Du fondement des divisions civiles ou
humaines. - Notre globe dans l'Univers.
Voir et faire voir. - Qu'il faut user de représentations sensibles. - La
géographie sans larmes ou desseins pour l'enseigner en amusant. - «L'expérience
adjouste beaucoup à la science». - Travaux et exercices pratiques à
exécuter en chambre et sur le terrain. - Originalité et portée de l'ouvrage.
François et Varenius. - La Science de la Géographie (1652) et la Geographia
generalis (1650). - Absence d'influence. - Diversité des ouvrages. - Des
emprunts possibles de Varenius à Descartes et au P. Fournier.
Quelques problèmes. - La Science des eaux (1653). - Des pluies. - Feux
souterrains et eaux chaudes. - Vers une exacte opinion sur l'origine des
sources. - Érosion. - L'océanographie du P. François.
Les synthèses des PP. François et Fournier affirment la primauté de l'expérience
sur la théorie276
Chapitre IV. - Les forces actives
I. Traditions de l'humanisme
La vivante Antiquité. - «C'est quasi de mesme de converser avec ceux des
autres siècles que de voyager.» - Géographie ancienne et géographie moderne. -
«On ne peut advancer de nouveauté sans péril». - Progrès de l'expérience. -
Masque ou tradition. - Savants philosophes. - De la méthode. - Anthropocentrisme
des géographes descripteurs et savants. - Idées stoïciennes305
II. La poussée des mystiques
Vivacité du courant biblique. - Notes sur la géographie sacrée. - Un effort
pour épurer la science des interventions occultes. - L'Univers, «effet de l'Art
divin». - La géographie au service de l'apologétique. - Des répugnances de
l'humanisme chrétien envers l'opinion de Copernic. - L'éveil du printemps
spirituel du Grand Siècle. - Des merveilles de la Nature (1621). - La géographie
des humanistes dévots. - De l'esprit dévot chez les géographes. - Renaissance
mystique et essor de la science312
III. L'appel d'outremer
Intentions coloniales et desseins missionnaires du roi Henri. - Force d'expansion
du catholicisme français renouvelé. - Comment la ferveur missionnaire
favorisa la géographie. - Nouveaux regards sur le monde par le moyen des
relations ; - des relations de la Nouvelle France (1616-72) ; - les Histoires des
PP. Trigault, du Jarric, Solier ; - quelques descriptions. - Valeur accrue des
informateurs et des informations. - Que la géographie demeure un appât pour
apprivoiser les indigènes ; - leçon de géographie à un noble huron.
La vraie face de la terre. - Une introduction à l'étude des cartes de l'Amérique.
- Observations et levés pour la révision ou l'établissement des cartes.
- Incohérences de la Cartographie lointaine ; - un exemple typique : trois
cartes de Chine vers 1658. - Le schème des Relations. - Particulière préoccupation
des phénomènes physiques ; - la découverte des climats «réels» ; -
des fleuves, premiers connus ; - brèves remarques sur le sol et les monts ; - des
glaces flottantes. - Ressources végétales et animales. - Que les Relations
s'attachent pourtant plutôt aux faits humains. - Deux synthèses oubliées
sur l'Asie et l'Afrique. - Rôle des missions dans l'essor de la géographie de
1600 à 1660322
Chapitre V. - Le milieu et ses sollicitations
I. Sous le préceptorat du Cardinal
Protection accordée par le Roi aux géographes et à la géographie ; - géographes
du Roy ; - l'édit de 1634 et le premier méridien ; - la conférence des
longitudes ; - de la formation géographique des futurs officiers ; - les ingénieurs
géographes militaires ; - pour la défense des côtes.
Les Jésuites et l'instruction des cadets en vue de service du Roi. - Leur
collaboration à l'oeuvre d'éducation nationale entreprise par le Cardinal. - De la
France et des Gaules. - Le Rhin, frontière de la France. - Accord des géographes
et des cartographes. - Face aux prétentions de la grande Allemagne. - Le doigt
du Cardinal. - De l'opinion commune des frontières naturelles ; - genèse de la
notion ; - qu'elle est le fruit de l'enseignement géographique. - Les royaumes
de l'Europe. - Un souffle de croisade.
Collaboration des Jesuites à l'action coloniale de Richelieu. - Une justification
juridique de l'occupation du Canada. - Suggestions. - A la découverte
d'un passage au nord vers le Japon et la Chine. - Interdépendance de la géographie,
des missions et de la politique343
II. Les curiosités de la société française
Que les Jésuites ont partagé, subi, satisfait les curiosités géographiques de la
société française. - Relations des Jésuites avec les «honnêtes gens» qui
s'occupent de science. - «Les livres de voyages sont les romans des philosophes».
- Grands liseurs, naturalistes à leurs heures ; - de leur influence sur la rédaction
des lettres de missions et l'enseignement des collèges.
La géographie, «idole» des gens du monde. - Sa place aux Conférences et dans
les cours à l'usage des beaux esprits des deux sexes. - Succès des livres de
voyage. - Importance des informations géographiques publiées dans le Mercure
françois. - En écoutant les conversations de salon. - Ouvrages «sans épines»
pour l'instruction des Dames et de leurs Cavaliers. - Quelques signes non équivoques
de la passion géographique des Dames du temps jadis. - Les centres
d'intérêt de la curiosité française. - Regards vers les horizons missionnaires
et départs pour le Canada et les Iles. - Que les honnêtes gens s'occupent des
problèmes théologiques soulevés par les découvertes. - Le Vayer et De la vertu
des Payens (1642). - L'étude de la géographie est désormais nécessaire pour
la vie sociale359
Chapitre VI. - Images
Le vocabulaire des géographes ; - son évolution témoigne des progrès de la
science et de l'enseignement. - Clefs pour l'étude des traités en latin. - L'idée
de frontière naturelle dans les mots. - Enrichissement du lexique par les Relations
et les parlers provinciaux.
Une géographie en réduction par proverbes. - Comparaisons et figures géographiques
glanées parmi les auteurs ; - des emplois figurés du mot carte.
On pensait avant tout la carte ; - des cartes de Sanson à la carte du Tendre.
- Objets et choses rares rapportés des Indes. - Visites sensationnelles de sauvages
en chair et en os. - Accoutrements indigènes. - Les visions géographiques
de l'honnête homme révélées par l'estampe ; - types, profils et paysages. - En
faveur de l'enseignement par l'image. - Allégories géographiques à l'entour des
portraits de saints Jésuites ; - l'iconographie des quatre parties du monde. -
Cortèges et ballets exotiques. - Sur les chemins du rêve. - Illusions desquelles
plusieurs, par mégarde, sont abusés375
Livre III
La crise de l'humanisme en géographie
(1660-1700)
Chapitre I. - Symptômes de déclin
I. - Routines rhétoriciennes
In geographiae laudem ! - Les horizons retrécis d'un rhétoricien d'après
1660. - Incuriosité des maîtres. - Trêve de nouveautés. - Aux heures de
loisir : autour du monde avec les géographes ; - les «redites» de Duval, Sanson,
Robbe. - La prélection, refuge de la géographie ancienne. - Atlas et dictionnaires.
- Progrès de la cartographie scolaire. - Énigmes et «routes» géographiques398
II. Stagnation cartésienne
Ralliement à la philosophie «physicienne» de Descartes. - Jésuites cartésiens.
- Et le système en bannit l'expérience. - D'heureuses exceptions. - Un trésor
d'observations : le Mundus subterraneus de Kircher (1665). - Remarques
réalistes en marge des Météores ; - premières démonstrations scolaires du
véritable cycle de l'eau (1674). - L'avènement de la géographie moderne
retardé411
Chapitre II. - Le travail des renouveaux
I. Avec les mathématiciens
La terre dans l'univers : vingt hypothèses. - Faveur croissante de Copernic.
- Principes généraux de géographie (1677). - Varenius vulgarisé par de Chales. -
Ut sensim tyronum imaginatio assuefiat. - Des sources et des fleuves423
II. La création des chaires royales d'hydrographie
Les efforts de Colbert pour la formation des cadres de la marine. - Premiers
Jésuites professeurs royaux. - Après l'ordonnance de 1681 : séminaires de la
marine et chaires royales ; - leur répartition par la France et outremer. - Place
de la géographie dans les programmes ; - exercices pratiques ; - les classiques
de l'hydrographie. - L'Art de naviguer démontré par les principes (1677). - En
vue d'une explication des marées. - Le Recueil du P. Hoste (1692)434
III. Le problème des longitudes
Le point de la question : l'oeuvre du P. Riccioli. - Cassini et l'occultation des
«astres de Médicis». - Activité des Jésuites astronomes. - Incertitude de la
déclinaison magnétique. - La méthode des horloges ; - des avantages du sable
sur le pendule445
IV. Vers la Chine et le Siam
La mission de Chine : projets et objectifs ; - une préparation hâtive ; - mathématiciens
du Roy dans les Indes et la Chine ; - par les Océans. - L'aventure
siamoise. - Échec de la liaison France-Chine par le centre de l'Asie. - Les
Jésuites cités à l'ordre de la géographie. - Ébauche de la grande réforme cartographique.
Qualité et actualité de l'enseignement des mathématiciens. - Divorce entre
les géographies astronomique et naturelle. - L'impossible synthèse450
Chapitre III. - Réflexion sur l'évolution
I. Dans l'entraînement du courant scientifique
Les Jésuites et le monde savant. - L'astronomie, préoccupation majeure de la
science française. - Facteurs généraux de l'essor de la géographie mathématique
: progrès de la technique ; - pressions des nécessités économiques ; -
directions utilitaires de Colbert. - Un stimulant particulier : l'espoir d'évangéliser
la Chine461
II. Le repli de la curiosité classique
Complexité des tendances entrevues sous les symptômes de déclin. - Une
atmosphère apparemment propice à la géographie : publicité coloniale et ambassades
orientales ; - le succès des relations de voyage. - Frivolité de la curiosité
française. - Fascination de l'Orient ; - engoûments successifs pour la Turquie,
le Siam, la Perse et la Chine. - Le règne intellectuel des femmes voue la géographie
aux caprices de la mode.
Retrait de la curiosité ; - «on n'a des yeux que pour voir la gloire de la
France... à peine se souvient-on qu'il y ait d'autres royaumes dans le monde» ;
- Paris, capitale de l'univers. - Des rêves exotiques aux réalités européennes :
les guerres ; - «les affaires de la campagne» ; - fermeture des horizons, effet de
la ruine du commerce.
L'enseignement des Jésuites et les courants de l'opinion. - Un signe révélateur
: le déplacement des vocations vers l'Orient. - Les cahiers, reflet de l'état
de guerre : «on se bornera à décrire les frontières de la France et des pays voisins
qui ont le plus de rapport, en paix ou en guerre, avec le Royaume». - La plus
grande utilité d'une jeunesse vouée aux armes471
III. Décadence de l'humanisme
Le déclin de la géographie humaniste parallèle au repli de l'humanisme. -
Disgrâce de l'érudition. - Vers la pure littérature. - L'âge d'or du vers latin. -
Suspension des batailles d'idées. - Une dangereuse théorie réduite à ses aspects
littéraires : de Bodin à Bouhours. - Joie et douceur de l'ordre établi
Coexistence des tendances contraires. - Vers la science moderne et les pays
du Soleil Levant486
Conclusions
De l'enseignement de la géographie par les autres corps enseignants. - On
ignore ce qu'il fut dans l'Université ; - les géographes de Port-Royal ! - Oratoriens
et précepteurs fidèles à la tradition des Jésuites. - Que l'histoire de
la géographie, aux siècles de l'humanisme, semble se confondre avec celle de
l'enseignement géographique des Jésuites.
L'évolution d'une science. - De l'érudition à une géographie vivante ; -
tendances et impulsions ; - le baptême de l'humanisme ; - géographie et
missions ; - des rapports de la géographie des Relations avec celle des classes ;
- le conflit de l'érudition et de l'expérience dans les diverses branches de la
géographie. - Vaines tentatives de synthèse ; - répugnance de l'humanisme
à définir les bornes des sciences ; - antipathie séculaire de la mathématique et
de la physique ; - un enseignement partagé.
Questions d'enseignement. - Plan progressif et méthodes visuelles. -
L'absence de curiosité régionaliste, ses causes. - La géographie et l'esprit
classique.
Influences sur la pensée d'une époque. - Étrange échappée sur les horizons
des «honnêtes gens» d'il y a trois sècles. - De l'ébranlement communiqué
aux sphères de l'action. - Relativisme moral496
Bibliographie509
Principaux ouvrages bibliographiques509
A. Sources anciennes :
1° Manuscrites : archives ; - manuscrits509
2° Cartes et Atlas511
3° Imprimés : collections ; - ouvrages513
B. Principaux travaux modernes cités519
Index des personnes529
Index analytique541
Ordre des matières551