Dans la Haute Marche (nord-est du Limousin), province à cheval entre la France d'oc et la France d'oïl, la fin de la Guerre de Cent Ans n'est pas accompagnée de la reconstruction économique et sociale sensible dans de nombreuses régions du royaume. L'Église et les seigneurs exercent une forte pression sur des paysans pauvres, victimes du servage et incapables de se glisser dans des échanges marchands, même de proximité. Seule la vigueur des communautés familiales et le recours, plus contraint que choisi à la migration ou à l'émigration permettent aux paysans de survivre dans une province déshéritée, couverte de landes, pauvre en bois et en herbages et où le seigle impose sa nécessaire tyrannie nourricière.

Toutefois, quelques lueurs éclairent ce sombre tableau. Ici ou là, des nobles seigneurs et des chefs de familles paysannes innovent. Les premiers édifient des châteaux, des moulins, créent ou aménagent des étangs. Les seconds délaissent leurs piètres arpents de vigne et améliorent les herbages. Le métayage, une décision de portée plus ample, se développe au cours de ces années 1450-1530. Sous l'influence de ces diverses modifications, le paysage se transforme : la progression des haies fermant des prés dédiés à l'élevage, engendre la formation du bocage.

La restitution érudite et visuelle de ces mutations paysagères que propose David Glomot repose sur l'analyse d'un important corpus de terriers des périodes médiévale et moderne et la traduction de leurs données en images grâce à une utilisation savante des ressources des outils informatiques.