L'islamisme a aujourd'hui près d'un siècle. Dès son origine, ce mouvement s'est inscrit dans une réflexion internationale. La réaction à la domination occidentale, la nécessité de recouvrer une identité religieuse supposée épurée ainsi que l'ambition d'unifier l'ensemble des musulmans sous une même tutelle politique ont été, et sont au coeur de ce projet.

Les mutations actuelles que connaît le monde arabe, induisant dans certaines configurations l'arrivée au pouvoir des partis héritiers de l'islam politique, nous amènent à relire l'histoire passée et présente de ces derniers à la lumière de leur rapport au monde, de leur production et de leur pratique diplomatique lorsqu'ils ont pu présider aux destinées de leurs coreligionnaires.

Surgit alors la possibilité de mettre ce système idéologique à l'épreuve du réel et, pour les observateurs, l'occasion de juger des constantes et ruptures dans le discours et l'action islamistes dans le domaine de la politique étrangère.

Par l'étude de différents cas nationaux (Egypte, Maroc, Tunisie, Palestine, Turquie et Liban), confiée à des spécialistes de l'islam politique dans chacun de ces pays, il nous est possible de prendre la mesure de la fidélité, ou bien de l'écart, entre théorie et pratique, et partant, de réfléchir plus globalement à l'une des clés majeures de l'avenir d'une région du monde où islamistes ont ou auront peut-être à l'avenir l'opportunité de déployer leur vision du monde.