Emmanuel Bove (1898-1945) rencontre, en 1924, avec son livre Mes amis, un vif succès. Il publie jusqu'en 1940 puis s'exile à Alger où il écrira ses trois derniers livres Départ dans la nuit, Non-lieu et Le Piège révélant un monde particulier de solitude et de mort durant la Seconde Guerre mondiale. Disparaissant prématurément des suites d'une maladie infectieuse, il tombera dans l'oubli pour revenir dans les années 70 - grâce à Raymond Cousse, mais aussi à Peter Handke, son traducteur en allemand - et sera salué comme un écrivain singulier. Jean-Luc Bitton, son biographe, est aussi à l'origine de cet engouement. On retrouve quelque atmosphère et essence familières du monde d'Emmanuel Bove, dans les oeuvres de Wim Wenders et de Patrick Modiano, entre autres. Jean-Pierre Darroussin a adapté en 2006 pour le cinéma son livre Le Pressentiment. Il reçut le Prix Louis-Dellue du premier film.

Bouche bée l'on reste au fil de la lecture, coi l'on demeure refermant un livre d'Emmanuel Bove. Intrinsèquement, il possède cette discrète subtilité ondoyante d'entraîner son lecteur en des méandres apparemment indistincts. D'autant que durant les années 30, tel l'écrivain et cinéaste Samuel Fuller, - reporter criminel dès son plus jeune âge -, Emmanuel Bove de 1926 à 1936 entreprit de « gagner sa vie » comme journaliste dédié à la rubrique des « crimes de sang ». Certainement la plus cruelle initiation vers le roman policier... Ce genre rarement abordé par cet auteur prolixe devait quelque peu justement le tarauder. Lors la morale vacille, ça subodore accents freudiens question sexualité et papier monnaie. Deux obsessions s'insinuant sans façon à travers un Paris bien défini. Dans le puzzle de la vie truffé de signes avant-coureurs, au parfum parfois existentialiste et prenant le ton d'un Jules Maigret, avant la lettre... le commissaire en charge au 36 quai des Orfèvres ravive la quête : révélant un discernement sans appel.