Dans le domaine des religions comparées, l'influence de l'oeuvre du métaphysicien Frithjof Schuon reste encore diffuse même si elle s'est avérée déterminante pour beaucoup. Ses écrits ont été salués comme d'éminentes expressions de la Sophia perennis, la sagesse intemporelle et universelle qui s'exprime dans tous les courants religieux.

L'un des principaux obstacles à la réception - notamment universitaire - de Schuon tient à ce que la plupart de ses concepts clés comportent des inflexions de sens qui ne respectent pas toujours le sens qu'ils ont pu acquérir dans leurs traditions d'origine. Schuon - auteur d'une trentaine d'ouvrages dont De l'Unité transcendante des religions - emprunte un certain nombre de termes à des traditions religieuses ou théologiques spécifiques tout en élargissant leur portée sémantique au-delà des limites de leurs définitions confessionnelles. Il forge ainsi un large vocabulaire métaphysique à la fois ancré dans la tradition et sans doute post- moderne dans son rayonnement supra-confessionnel.

Or ces termes méritent une attention particulière, car ils évoquent très clairement une certaine manière de comprendre la fonction et les limites de l'expression conceptuelle dans la spiritualité et initient à ce que peut être une authentique approche métaphysique.

Ces termes se révèlent ainsi être de remarquables « clés » qui ouvrent d'amples perspectives que Patrick Laude excelle à mettre en lumière.