Le récit de fiction de Grigori Smolianski, publié en russe en 1927 et inédit en français, constitue le cœur de ce livre. La nouvelle raconte l'assassinat du gouverneur militaire allemand d'Ukraine en 1918.

Son auteur, Grigori Smolianski, membre du Parti des socialistes-révolutionnaires, puis bolchevik, fut un de ces « révolutionnaires professionnels » déterminés à mettre fin à l'autocratie.

Engagé contre le tsarisme dès 1905, il vit l'époque de violence qui déferle sur la Russie : la révolution de 1905 et sa répression, la Première Guerre mondiale, les révolutions de février et d'octobre 1917, la guerre civile et l'intervention étrangère contre la jeune république et, enfin, la terreur stalinienne. Grigori Smolianski sera exécuté en 1937.

Pour écrire l'histoire de son grand-père, Natalia Smolianskaia nous présente un enchevêtrement de sources, de fragments de Mémoires et d'archives. Ce faisant, elle nous dresse le portrait d'une époque au travers de celui d'un homme qui a consacré sa vie à un objectif : renverser le pouvoir en commettant des attentats visant des individus bien précis, porteurs et symboles du pouvoir autocratique.

L'histoire de Grigori Smolianski, ce « petit garçon d'un ghetto puant et étouffant », né dans la zone de résidence où étaient confinés les Juifs de l'Empire russe, permet à sa petite-fille de nous livrer une réflexion sur la légitimité de la violence politique.