Dans cette étude novatrice et solidement documentée qui relate un chapitre aussi méconnu qu'emblématique de l'histoire de la globalisation, Paul Gootenberg retrace l'essor irrésistible de l'un des produits d'exportation les plus fascinants - et désormais illégal - de l'Amérique latine : la cocaïne, ainsi que celui de la plante andine dont elle dérive, la coca. Depuis ses origines et le succès foudroyant qu'elle connut comme produit médical révolutionnaire à la fin du XIX^e siècle, jusqu'à la répression qui s'est abattue sur elle puis sa réapparition spectaculaire comme drogue illicite après la Deuxième Guerre mondiale, la cocaïne a connu nombre de transformations, et pour retracer son parcours il faut convoquer une foule d'individus, de disciplines et de processus divers et variés. Sigmund Freud, le Coca-Cola et Pablo Escobar font des apparitions attendues dans ces pages, incarnations des influences « globales » qui ont forgé ses destinées. Gootenberg s'écarte également de l'histoire connue et nous éclaire sur le rôle joué par des acteurs andins essentiels mais demeurés dans l'ombre, tel que le pharmacien franco-péruvien qui a développé les techniques de transformation du produit à l'échelle industrielle, ou les hommes qui ont mis en place les premiers réseaux clandestins, ceux-là même dont allaient s'emparer, bien des années après, les narcotrafiquants colombiens. Cocaïne andine se révèle, au fil des pages, une lecture indispensable pour comprendre ce qui demeure l'un des problèmes les plus épineux des sociétés occidentales de la fin du XX^e et du début du XXI^e siècle : l'épidémie de cocaïne des années 1980, et, dans son sillage, l'interminable guerre contre la drogue que continuent à mener les États-Unis dans les Andes.