Quand le monde et l’État de Bahia célèbrent le centenaire de Jorge Amado, rien n’est plus opportun que de discourir sur l’importance et l’actualité de son œuvre sur la scène mondiale et dans la littérature brésilienne. Je partage l’opinion de Roberto da Matta2 sur la forte attraction que le texte amadien exerce sur ceux qui s’intéressent à la société brésilienne. On sait que Jorge Amado a été un écrivain mû par l’utopie de penser le Brésil : sa construction de l’image d’un pays portée au début par un engagement politico-partisan, glisse, ultérieurement vers un éloge outré du métissage et du syncrétisme. Si cette image est généralement reconnue, identifiée grâce à des personnages typiquement brésiliens, comme Gabriela, Dona Flor, sans oublier Pedro Archanjo, typique représentant des thèses amadiennes sur la question, méconnaitre l’importance des figures d’étrangers dans la construction de cette image, serait restreindre sa portée et son envergure ainsi que la façon originale de ces étrangers à présenter un ensemble de questionnements fondamentaux et novateurs concernant les possibilités d’intégration de notre société en engendrant une image du Brésil perméable à la diversité. Notre objectif, ici, est d’analyser comment l’écrivain a construit son image du Brésil et de voir si cette image persiste encore au XXIe siècle.