La conception de la santé en Birmanie est profondément liée à la religion : le karma, notion centrale du bouddhisme Theravada pratiqué dans ce pays complexe, est supposé être le générateur des événements qui composent la vie de tout un chacun, y compris sur le plan physique. À travers l’étude du tatouage en Birmanie, ce texte aborde trois situations différentes liées à la santé. Ces situations n’évincent pas la question de la religion et de l’ésotérisme birman, mobilisant principes alchimiques, kabbalistiques et littérature magique, mais les mêlent à des considérations scientifiques ou sociales relatives au(x) système(s) thérapeutique(s) du pays. Du tatouage dit « thérapeutique », qui est invisible mais qui circonscrit une plaie dans un cercle pour éviter les infections, aux tatouages de protection magiques qui mobilisent un ensemble de représentations diverses liées à la santé et au karma, ces situations illustrent en partie le pluralisme thérapeutique et la multiplicité des pratiques curatives ou préventives de ce pays. À travers un récit de recherches illustré qui combine des extraits de carnet de bord très personnels et des descriptions ultérieures, cet article vise à retranscrire à la fois une réflexion, des observations et une atmosphère, emportant avec légèreté le lecteur au cœur de l’étude réalisée.