Rodomont est connu pour son orgueil et sa fureur au combat. Matteo Maria Boiardo (Orlando innamorato) puis, à sa suite, Ludovico Ariosto (Orlando furioso) mettent en scène ce personnage dans toute sa démesure. Cependant, c'est dans un épisode catabasique de la Marphisa de l'Arétin que Rodomont fait une des démonstrations les plus singulières de la violence de ses passions. En 1572, en pleine vogue des imitations italiennes en France, Philippe Desportes va reprendre cet épisode infernal dans La Mort de Rodomont et sa descente aux Enfers, publié dans le recueil collectif Imitation de quelques chants de l’Arioste par divers poètes françois chez Lucas Breyer. Entre inspiration épique et veine lyrique, Philippe Desportes esquisse un renouvellement de la poétique des passions. Tout en demeurant fidèle aux représentations classiques de Rodomont, le poète français réinterroge l'écriture des affects et construit une représentation plus sensible et complexe du personnage.