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« J’suis une femme d’affaires / viens m’faire le café* ». L’articulation des rapports de pouvoir dans la mobilité sociale des rappeuses françaises des années 1990

dans Presses universitaires de Paris Nanterre

Auteur(s) : Hammou, Karim

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2022-09-01T02:00:00Z
  • Notes
    • À quoi aspiraient les femmes qui se sont engagées dans la carrière de rappeuses en France dans les années 1990 ? S’agissait-il de s’imposer dans un milieu dominé par les hommes ? De quitter une condition sociale subordonnée pour profiter de la « vie d’artiste » ? D’affirmer publiquement l’existence de minorités postcoloniales ? En s’appuyant principalement sur des récits de vie, cet article analyse la mobilité sociale vécue par les rappeuses françaises des années 1990. Il montre l’importance d’articuler non seulement versants subjectif et objectif de la carrière, mais aussi les multiples rapports de pouvoir qui configurent les mobilités au sein d’un espace social aux hiérarchies multidimensionnelles. Dimension souvent inaperçue de l’analyse des carrières artistiques, les transformations des hiérarchies sociales de l’enfance à l’âge adulte, et donc les rapports sociaux d’âge, apparaissent ici cruciaux. Contre le lieu commun qui voudrait que les femmes s’engagent dans la carrière faiblement féminisée d’artiste de rap pour y subvertir l’ordre du genre, l’enquête montre que le rap fonctionne, pour une majorité des rappeuses rencontrées, comme une matrice générationnelle de politisation dans laquelle l’expérience des discriminations territoriales et ethnoraciales est déterminante. Au fil de l’avancée en âge, cette politisation contribue cependant à dénaturaliser de nouvelles hiérarchies sociales – au premier rang desquelles les hiérarchies de genre. L’articulation des rapports sociaux de pouvoir est notable aussi bien sur le versant subjectif que sur le versant objectif des carrières étudiées. Sur le versant subjectif, le goût pour le rap et le passage à sa pratique participent à une politisation des inégalités, vécue comme une expérience « générationnelle » et susceptible d’être transférée d’une logique inégalitaire à une autre au fil de la carrière ou réduite rétrospectivement à une « révolte adolescente ». Sur le versant objectif, les rapports sociaux d’âge redéfinissent les rapports sociaux de sexe, en exacerbent les injonctions contradictoires subies par les rappeuses au fil d’une carrière artistique dont les principaux tournants se jouent dans le passage de l’enfance à l’âge adulte. Néanmoins, pour la plupart des femmes rencontrées, la pratique du rap participe à une mobilité sociale ascendante, notamment en regard de leurs parents, appartenant en majorité aux classes populaires et/ou aux minorités racisées et ayant exercé des métiers souvent subordonnés aux rythmes de travail contraints.
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    • Français
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