Partagé par toute l’Europe à l’époque baroque, le thème de la Bohémienne dans les arts a eu une vogue durable. Or il existe très peu d’ouvrages traitant de cet aspect de l’histoire de l’art. La perspective habituelle consiste à opposer l’imaginaire de la « belle égyptienne » aux réalités vagabondes de la « nation errante ». Or cette interprétation repose sur la méconnaissance de l’inscription des bohémiens dans le patronage princier et nobiliaire. À travers l’exemple français et ses influences anglaise et italiennes, nous mettons en évidence un « moment égyptien » de la culture de cour. Nous cherchons à repérer les jeux de compromis qui ont assuré en diverses métamorphoses la pérennité d’une esthétique pratique de la Bohémienne à usage administratif et hédoniste.