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Les sources des contes orientaux de William Beckford (Vathek et la « Suite des contes arabes ») : bilan de recherches sur les écrits et l’esthétique de Beckford

dans Association Études Épistémè

Auteur(s) : Châtel, Laurent

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2018-10-30T01:00:00Z
  • Notes
    • William Beckford (1760-1844) est connu essentiellement pour la singularité de Vathek (1786-7) qu’on attribue volontiers à la mode du « roman noir » et/ou du « roman oriental ». Vathek ne fut pourtant qu’un élément dans un plus grand ensemble « orientaliste ». Or, l’originalité de la démarche beckfordienne, pourtant étudiée par André Parreaux en 1960 et par Fatma Moussa-Mahmoud en 1976, est restée lettre morte, et le corpus orientaliste de Beckford, « chef d’œuvre invisible ». Entre 1780 et 1786, Beckford composa en effet des « contes arabes » en langue française qui furent, non pas inspirés par les Mille et une Nuits, mais directement traduits et adaptés de manuscrits orientaux ramenés d’Egypte par Edward Wortley Montagu (MS Orient 550-556, Bodleian Library, Oxford). La surprise de Byron, en lisant Vathek, face à l’exactitude de la couleur locale (« exactness of costume ») n’avait pas lieu d’être puisque Beckford avait, de ses propres dires, puisé aux sources arabes (non pas explicitement pour Vathek, mais pour d’autres contes pour lesquels Beckford annonça une publication ultérieure). Après les célébrations du tricentenaire des Mille et une Nuits (1704-1711) en 2004, il nous a paru pertinent de fêter en 2005 celui qui emboîta le pas à Antoine Galland - littéralement, qui lui fit « suite ». Car la « Suite des contes arabes » de Beckford est un « supplément » aux Mille et une nuits, aussi intitulé « contes arabes » par Galland. Cet article, qui constitue un résumé-bilan de nos récents travaux de recherche, examine les sources de Beckford, ses activités de traducteur et la nature de son « infidèle » création. La stratégie scripturale d’un Galland, adoptée par le comte de Caylus en 1743 lorsqu’il composa des contes à partir des transcriptions de la Bibliothèque Royale à Paris, fut également celle de l’anglais Beckford. Elle consiste à se loger dans le matériau original préexistant et, en caméléon, s’adpater, imiter, et y greffer une « belles infidèle ». On ne saurait donc aujourd’hui publier, lire ou apprécier l’œuvre de Beckford qu’à la lumière de cette démarche authentique d’orientaliste. On tirera profit de cette perspective en l’appliquant à ses œuvres complètes, qui sont régies par des principes similaires d’écriture fragmentée, épisodique et « suiviste ». Ecriture et esthétique se voient ainsi réunies au sein d’une même esthétique de la greffe - perspective qui permettrait de ne plus scinder l’image d’un Beckford d’abord écrivain, puis dilettante. Greffe verbale et paysagère à des fins de transplantation d’un « moi » constamment en quête d’expansion, d’excrescence et d’inscriptions - que ce soit sur le papier ou sur le terrain, comme l’aurait le Marquis de Girardin, créateur d’Ermenonville, (« by pen or by spade »).
  • Langues
    • Français
  • Droits
    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
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