Si le merveilleux pose un rapport au monde fondé sur la déréalisation, sa liberté d’invention en fait aussi un lieu privilégié d’expérimentation des possibles de la nature et des émotions humaines. Partant, il compte parmi les formes littéraires les plus aptes à rendre compte de la montée en puissance de l’approche phénoménologique du monde qu’on observe dans les sciences et la philosophie de la fin du xviie siècle. Mais l’écriture sensationniste du merveilleux peut-elle s’affranchir des systèmes de signification fondés sur l’allégorie et le symbolique ? En confrontant quelques cas d’apparitions perçues par les sens, cet article étudie les conditions de possibilité et les enjeux de l’affirmation phénoménologique de ce qui n’existe pas.