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Cette beauté qui tue. Le beau et le mythe des sirènes

dans Université de Lille


  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2010-01-07T01:00:00Z
  • Notes
    • L’ère chrétienne fait subir aux sirènes, au cours des nombreux siècles durant lesquels elles mènent une vie plus ou moins souterraine, un certain nombre de mutations : elles troquent leurs pattes et ailes d’oiseaux pour une queue de poisson. Elles sont passées sous la surface de l’eau, dans l’élément où l’homme justement ne peut que mourir. Car l’homme est désormais solidement ancré sur terre : il a quitté sa frêle embarcation, soumise aux caprices de l’élément aquatique, pour chevaucher en chevalier la nature domptée, apprivoisée et donc anoblie, son fidèle destrier. La surface de l’eau est devenue frontière. Le désir de rencontre, venant de l’homme, ne peut qu’être mortel. Si c’est la sirène qui surgit, elle est presque automatiquement déstabilisatrice : car elle est l’autre absolu, venu d’un autre monde, incompatible. Mais surtout la sirène (et ses cousines germaines, les nymphes, lorelei et ondines) est devenue résolument belle. Elle est toujours fatale. Mais la beauté fatale est désormais une beauté plastique. Dépossédée de son chant, la sirène est devenue objet de contemplation. Quand, au début du xixe siècle, la figure de la sirène ressurgit subitement et massivement dans l’espace germanique, le son a depuis longtemps perdu de l’importance par rapport à la vision, l’écriture a écarté la tradition orale, le texte et l’œil l’emportent sur la musique et l’oreille. La sirène est celle qui avant tout autre chose, nous allons le constater, séduit l’œil. Et c’est souvent le regard, plus que le chant, qui est son arme.
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