Le 2 novembre 1945, l’ordonnance réorganisant le CNRS est promulguée. Le Centre se voit confier comme mission « de développer, orienter et coordonner les recherches scientifiques de tous ordres ». À cette période, la situation de la physique nucléaire française est catastrophique : physiciens isolés des recherches internationales et coupés de certains collègues qui se sont réfugiés durant l’été 1940 en Grande-Bretagne puis au Canada, matériel désuet ou endommagé durant les bombardements, et surtout dislocation d’un groupe en plein développement à la veille du second conflit mondial. La question que nous posons est alors simple : comment les organismes d’État responsables de la physique nucléaire, notamment le CNRS et l’Université, ont-ils réussi à doter la France d’une communauté de chercheurs dans cette discipline aujourd’hui mondialement reconnue ?