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Jacmel, entre rêve et réalité

dans Ministère de la Culture


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    • 2016-09-30T02:00:00Z
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    • Cet article présente le résultat de l’opération d’Inventaire général du patrimoine culturel conduite à Jacmel en Haïti, opération qui a révélé un bâti original et particulier. Le travail fut mené en 2013-2014 par une équipe locale sous la responsabilité de l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (ministère de la Culture haïtien) avec les outils méthodologiques de l’Inventaire général (ministère de la Culture français) dans le cadre d’une coopération. Cet inventaire devait permettre la réévaluation du dossier de candidature à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial, Jacmel figurant depuis 2004 sur la liste indicative et, dans un cadre plus large, le transfert de la méthodologie française à l’ISPAN. La ville, petit port de cabotage sur la côte sud de l’île de Saint-Domingue, a pour caractéristique essentielle d’avoir connu un développement urbain très important au XIXe siècle lié à l’explosion du commerce caféier. Cependant, un gigantesque incendie détruit le centre-ville en 1896. La bourgeoisie locale commerçante reconstruit ses maisons et ses entrepôts selon des procédés et des matériaux importés. La brique et les éléments métalliques en fonte moulée, en acier riveté ou en fer forgé donnent un nouveau visage au quartier du Bord de Mer. La lente et irrémédiable chute des exportations du café fige le centre ancien qui se vide ; les Haïtiens se réfugient alors dans une image nostalgique de leur ville, entretenue par une littérature flamboyante. En 2010 le séisme met à terre les vestiges désertés du quartier commercial. Outre les études monographiques sur les équipements publics (marché en fer préfabriqué en Belgique, églises et temples, écoles, mairie, hôpital, etc.), le travail d’inventaire a essentiellement porté sur les deux genres architecturaux prédominants : les maisons et les entrepôts commerciaux. L’observation des 593 maisons sélectionnées et le traitement statistique de leurs caractéristiques a permis d’élaborer une typologie qui se décompose en six grandes catégories : les maisons entièrement construites en bois, les maisons à éléments importés, les maisons à étage en maçonnerie traditionnelle, les maisons à rez-de-chaussée en maçonnerie traditionnelle surmonté, soit d’un étage en bois soit de combles aménagés. Les simples maisons en rez-de-chaussée, déclinaison de la case créole, – plus de 63 % du corpus – se répartissent en deux ensembles à peu près équivalents, les maisons à mur pignon sur rue et celles avec mur gouttereau sur rue. Enfin le dernier type, les maisons construites en béton, reflètent l’évolution inéluctable de la ville dont la physionomie change : le ciment remplaçant peu à peu le bois, le torchis, la brique ou la maçonnerie traditionnelle. 95 % de ces maisons disposent d’une galerie ouverte sur la rue, privatisation de l’espace public et abri pour une déambulation ombragée aux heures chaudes. Cet élément de la composition architecturale a également donné lieu à une étude précise de ses formes, matériaux et mises en œuvre de ses supports. Les 52 entrepôts identifiés ont pareillement suscité une étude collective complète. La typologie, assez simple, est construite sur le nombre de niveaux et celui des travées des façades principales. Elle montre une variété relative et souligne surtout des caractères généraux : édifices maçonnés en brique et en moellon (assurant solidité et sécurité contre l’incendie notamment), couverture en toit terrasse utilisé comme aire de séchage, présence d’une galerie sur rue ou d’un auvent, détails décoratifs soignés (reflet, comme pour sa résidence d’habitation, du standing de son propriétaire).
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    • Français
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    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
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