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Y a-t-il un rapport entre les étymologies du Cratyle et les figures de son et anagrammes d’Héraclite ?

dans HiSoMA - Histoire et sources des Mondes antiques

Auteur(s) : Mouraviev, Serge

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2014-07-11T02:00:00Z
  • Notes
    • Platon dépeint Cratyle comme un disciple d’Héraclite en se fondant principalement sur son adhésion à la soi-disant théorie du flux universel de ce dernier. Nulle part dans le Cratyle, ni Socrate ni Cratyle ne lui attribuent une croyance dans une correction naturelle des noms. Mais c’est un fait bien établi qu’Héraclite utilisait largement dans son livre, entre autres figures de rhétorique, des structures phoniques extrêmement élaborées, et proposait nombre de jeux de mots « étymologiques » qui suggèrent, sinon une croyance de ce type, du moins un usage délibéré des ressemblances phoniques comme moyen d’affirmer ses assertions. Beaucoup d’« étymologies » platoniciennes ressemblent aux structures purement phoniques d’Héraclite. Héraclite recourait aussi aux anagrammes pour crypter des éléments importants de son message. Pourtant, malgré ces ressemblances et analogies (qui ne sont probablement pas fortuites), les différences l’emportent largement. Tandis que Platon poursuit deux buts parallèles et opposés (« expliquer » les noms en les lisant à partir de leur supposé « sens original » et montrer en même temps le ridicule de ces explications), Héraclite, lui, utilise ces structures comme un élément esthétique du langage hiératique auquel il est contraint d’avoir recours, face à l’absence de quelque autre moyen plus adéquat d’expression non poétique (non lyrique ou épique) de ce qu’il considère comme nécessaire de dire, ainsi que comme un moyen d’illustrer et de modéliser sa pensée. L’étymologie et la dérivation en tant que telles et en tant que questions linguistiques ne semblent pas avoir troublé Héraclite en elles-mêmes, même si ces questions se sont présentées à lui (comme on peut le déduire de la façon dont il s’en sert), alors que chez Platon le problème est précisément de montrer que l’on ne peut absolument pas se fier à la forme de connaissance qu’elles donnent.
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    • Français
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