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La revitalisation du corse ou l’émergence de projets de société concurrents

dans Presses universitaires de la Méditerranée

Auteur(s) : Colonna, Romain

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2013-10-25T02:00:00Z
  • Notes
    • Cette réflexion s’articule autour d’un principe général : la revitalisation linguistique recouvre d’autres enjeux que ceux strictement linguistiques. Le cas de la langue corse est à ce titre riche d’enseignements.Outre la volonté légitime de maintenir une langue historique, référent identitaire aujourd’hui incontournable, à travers notamment la manifestation d’un « nationalisme culturel » (Boyer, 2006), il semble bien que la question de la revitalisation du corse s’inscrive dans un projet de société qui dépasse largement la seule question linguistique. L’enjeu semble être de dessiner les contours d’une nouvelle citoyenneté, d’ordre culturel, inclusive et non exclusive, une forme nouvelle du vivre-ensemble. L’orientation actuelle des débats politiques locaux va dans ce sens.Nous proposons d’étudier les termes du débat dans leur version contemporaine et non strictement historique, selon une visée prospective d’une part et d’un point de vue politique d’autre part, et ce pour deux raisons principales. Il y a encore peu en effet, la question de la revitalisation du corse était majoritairement portée et défendue par les mouvements ou associations d’obédience nationaliste. Ce n’est que depuis 2004 que les partis politiques « traditionnels » se sont véritablement emparés de la question et que les habituels clivages ont pu être en partie dépassés. Pour cette raison, il nous apparaît opportun d’interroger la problématique de la revitalisation au regard des politiques en cours et d’interroger ce qui est désormais régulièrement présenté, parfois à tort, comme une question consensuelle. De plus, et de manière étroitement liée à cette précédente remarque, les principales divergences dans le cadre de la revitalisation du corse se sont manifestées au niveau politique. Ainsi depuis le mouvement de réappropriation des années 1970, on ne constate guère, outre le champ politique, des clivages idéologiques rédhibitoires du côté de la militance ou du côté scientifique, contrairement au cas de l’occitan-provençal par exemple. Si l’on peut observer ici ou là des divergences, elles ne sont jamais suffisamment exprimées ou structurées pour faire obstacle à la revitalisation du corse. Il s’agira donc de définir l’actuel consensus politique, mais aussi d’en révéler les limites et les perspectives, à travers un point de vue historique tout d’abord puis à travers le rôle important joué par les universitaires de Corte dans l’évolution, parfois difficile, des représentations du corps politique et social. Cela nous conduira à envisager les différences-concurrences qu’il peut y avoir entre les divers groupes politiques. Ces différences se situent principalement autour des notions de libéralisme et d’interventionnisme linguistiques. Nous faisons l’hypothèse qu’elles révèlent deux visions de la citoyenneté différentes d'une part et qu'elles permettent à chacun des groupes politiques insulaires de se constituer une légitimité distincte face au pouvoir central d'autre part. Cela se manifeste en termes de pratiques comme en termes d’idéologies linguistiques. 
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    • Français
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