Compte tenu du besoin urgent de faire dialoguer l’histoire coloniale et l’histoire européenne, ce texte propose une analyse critique de la littérature sur les campagnes de réinstallation de la population indigène de l’Amérique espagnole dans des villages appelés reducciones ou congregaciones. Il montre que, plutôt qu’une technologie coloniale visant à contrôler et exploiter les colonisés, ces campagnes de réinstallation ont également eu lieu en Espagne et qu’elles ont aussi concerné, en Amérique, la population d’origine espagnole. Le texte interroge la signification de l’urbanisation à l’époque moderne, en démontrant que les principaux facteurs qui distinguaient les communautés des non-communautés (despoblados) ne dépendaient pas des questions matérielles ou économiques, mais plutôt des relations entre les résidents et du régime juridique qui les liait.