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Les difficultés méthodologiques posées par l’étude des massacres au cours des guerres napoléoniennes : le cas de l’insurrection calabraise de 1806-1807

dans IHMC - Institut d'histoire moderne et contemporaine (UMR 8066)

Auteur(s) : Cadet, Nicolas

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2011-01-09T01:00:00Z
  • Notes
    • L'occupation du royaume de Naples par les Français, à l'hiver 1806, cristallise les tensions que connaît alors la société de l'Italie du sud, marquée par le poids d'un système archaïque freinant tous progrès économiques et sociaux. La défaite subie par le général Reynier face aux Anglais à Maida, en juillet 1806, provoque une insurrection générale des provinces méridionales du royaume, notamment la Calabre. Ce soulèvement s'accompagne d'une impitoyable guerre civile entre Calabrais, les partisans du roi Ferdinand IV de Bourbon s'opposant à ceux du nouveau souverain, Joseph Bonaparte. Cette lutte fratricide se traduit par des explosions paroxystiques de violence et de fréquents massacres, mais les modalités de cette violence extrême ne se laissent guère appréhender, il est ardu d'en cerner les contours. Plusieurs difficultés compliquent en effet l'étude de ce phénomène. Incarnant par essence la rupture avec la norme, le temps du massacre ne laisse guère de place à l'observation détaillée et aux relations minutieuses. Outre le caractère lacunaire des sources, le chercheur se heurte au refus des acteurs de la violence de s'étendre sur les actes qu'ils ont vu ou commis. De fait, les XVIIIe et XIXe siècles coincident avec une évolution radicale des sensibilités, qui incite une part croissante de l'opinion à rejeter des pratiques de violence jusque là admises. La minceur ou l'opacité des sources conduisent ainsi à privilégier une approche comparatiste en cherchant dans des événements de même nature des éléments permettant de mieux cerner les spécificités des massacres calabrais, mais cette méthode fait courir le risque de sombrer dans la téléologie.Enfin, dans une société marquée par la résurgence des enjeux mémoriels et le tendance au compassionnel, l'historien du fait violent se heurte parfois à l'incrédulité, voire à l'hostilité de ses contemporains. En montrant combien la violence est "apocalypse", c'est à dire révélatrice du degré d'inhumanité auquel des individus peuvent parvenir, il fait figure de porteur de la mauvaise nouvelle. L'étude des phénomènes de la violence extrême constitu ainsi un champ d'investigations particulier, d'autant plus stimulant qu'il présente de difficultés.
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    • Français
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