Cet essai étudie les avantages et les limites du sublime lorsqu’il est utilisé comme une stratégie rhétorique et narratologique pour représenter et décrire les animaux non-humains, et plus précisément dans les mémoires, un genre littéraire qui demeure sous-étudié mais pourtant riche et prometteur pour envisager les liens entretenus entre humains et non-humains. Au vu de l’absence d’une révision conclusive des théories fondatrices du sublime (e.g., Burke et Kant) qui rendent compte d’une esthétique clivante entre animaux « beaux » et « sublimes » et/ou entre humains et animaux, le présent article analyse deux cas (American Buffalo: In Search of a Lost Icon [2008] et Meat Eater: Adventures from the Life of an American Hunter [2012] de Steven Rinella) qui déploient le sublime dans des descriptions d’animaux vivants ou morts. Les animaux morts représentés par Rinella deviennent des natures mortes (ou mourantes) qui suscitent des réflexions, à la fois chez l’auteur et chez le lecteur ou la lectrice, sur l’éthique de la chasse et du bien-être animal ainsi que sur les tensions qui persistent dans les relations entretenues entre animaux humains et non-humains.