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De l’impressionnisme littéraire

dans Association Modèles linguistiques

Auteur(s) : Saunders, Max

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    • 2019-12-05T01:00:00Z
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    • Cet article procède par une série d’oppositions. En partant de la peinture, deux conceptions opposées du terme impressionnisme sont examinées : (i) la première – sans oublier que certains de ces exposants, notamment Cézanne, Gauguin et Seurat se sont progressivement éloignés du mouvement vers un style appelé par la suite, « postimpressionnistes » – désigne spécifiquement les principes esthétiques des peintres ayant participé aux expositions dites impressionnistes tenues à Paris entre 1874-1886, (ii) la seconde, qui adopte une optique plus large, explique l’impressionnisme par un changement d’attitude par rapport à la fonction de la lumière : pour les Anciens, elle véhiculait une signification spirituelle ; en revanche, les peintres de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, influencés par les avancées scientifiques, s’intéressent à la lumière surtout en tant que phénomène sensoriel et psychologique. Le critique Richard Bretell oppose l’impressionnisme immédiat («transparent »), où le peintre se borne à reproduire fidèlement le contenu de son champ visuel, à l’impressionnisme médiat, où la représentation que propose le peintre est indissociable de son contexte social. Est abordée ensuite l’influence des peintres impressionnistes sur l’écriture. Le premier critique à en parler s’avère être le redoutable Ferdinand Brunetière qui, en 1889 dans un essai sur un roman de Daudet, parle d’impressionnisme littéraire. Mais il ne faut pas oublier les précurseurs : en France, l’essai de Baudelaire « Le peintre de la vie moderne » (1863) et en Angleterre, le livre de Walter Pater sur la Renaissance. L’essai se poursuit en opposant deux conceptions de l’impressionnisme littéraire, (i) la première qui le situe dans le créneau de l’impressionnisme pictural, c’est-à-dire, dans l’intervalle entre Réalisme et Modernisme, (ii) la seconde qui recouvre une période plus large allant de Flaubert à Virginia Woolf. La réticence initiale de certains écrivains, comme par exemple James et Conrad, est opposée à l’enthousiasme de Ford qui s’en est immédiatement donné à cœur joie. Celui-ci propose également deux modèles d’impressionnisme littéraire, le premier où une multiplicité d’impressions se superpose spontanément, et le second, où des perspectives contrastives se suivent, produisant un effet d’instabilité et d’incertitude. L’impressionnisme littéraire est également producteur de moments d’aliénation, lorsque l’identité de l’être est menacée et sa manière d’être au monde est mise en cause. La conscience accrue de la réalité qui en résulte fournit les bases du flot de conscience du modernisme. Comme l’impressionnisme pictural, c’est un mode qui insiste sur le style, sur la matière, sur la construction et sur les moyens formels. Dans ce contexte, V. Woolf, au vu de la manière dont elle associe impressionnisme et modernisme, est présentée comme une artiste exemplaire. Pourtant certains critiques modernistes expriment une gêne certaine par rapport à l’absence d’intrigue dans son écriture romanesque. Certains critiques reprochent également à l’impressionnisme littéraire, une préférence pour le flou et l’ambigu qui conduit à une obscurité abusive ; cette tendance est également condamnée par la critique marxiste post-colonialiste qui déplore la manière dont les réalités sociales et politiques sont escamotées.
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