Le dialogue et l’argumentation entre ennemis nationaux peuvent-ils prévaloir dans une situation de guerre ? Comment le genre de la lettre ouverte contribue-til à semblable entreprise ? Deux échanges de correspondances publiés dans la presse par des intellectuels sont étudiés : Renan et Strauss pendant la guerre de 1870, Rolland et Hauptmann pendant la Première Guerre mondiale. L’analyse montre les possibilités d’un genre visant à empêcher la dissolution du logos par les passions nationalistes, l’impossibilité finale de maintenir un véritable dialogue, enfin les différences entre les échanges épistolaires de la guerre franco-prussienne et ceux de 1914-1918, éclairant ainsi l’impact d’une culture de guerre sur la rhétorique de son époque.