Hautes terres et montagnes humides jouent un rôle important et structurant dans la toile de fond semi-aride qui caractérise le Nordeste brésilien, tant du point de vue écologique, par leur fonction de refuge pour de nombreuses espèces, que du point de vue socio-culturel, en servant aussi d’abri aux populations humaines du Sertão. Grâce à des conditions hydroclimatiques bien meilleures que celles des plaines semi-arides environnantes, ces montagnes humides ont une importance capitale, en particulier sur le plan agricole, à l’origine de concentrations démographiques relativement élevées (80 à 100 hab./km2) par comparaison avec les basses terres semi-arides du Sertão (10 à 30 hab./km2). Toutefois, le potentiel agroclimatique des montagnes humides du Nordeste paraît sous-exploité, surtout si on les compare à d’autres montagnes tropicales d’Afrique ou d’Asie, où collines convexes et réseaux de bas-fonds sont intensément cultivés. Certaines contraintes liées à la structure sociale et foncière sont en mesure d’expliquer la faible intensification de l’exploitation agricole de ces hautes terres. Cependant, des dégradations accélérées des sols commencent à prendre de l’ampleur dans les zones périphériques et socialement marginales de ces massifs montagneux, en relation avec une mise en culture débridée et anarchique sur les versants en pente forte.