Au sein des territoires amérindiens du piémont amazonien (Pérou), exploitation commerciale du bois et extractivisme participent d’une multiplication des conflits entre les acteurs concernés économiquement et/ou culturellement par ces ressources. Pour les Awajun (famille linguistique jivaro), installés sur le Haut Marañón, le 5 juin 2009 évoque la violente répression par les forces armées près de Bagua, répression qui a mis fin à une campagne de protestation. Face au silence de l’Etat en réponse à leurs demandes, plusieurs organisations amérindiennes locales s’attachent à créer un « territoire intégral ». Ce projet répond à un état de fait éprouvé par la société awajun depuis que sa relation à son environnement est déterminée par des décisions étatiques ou privées et non par sa capacité, des attitudes et décisions propres, depuis qu’elle est pensée en fonction d’une appartenance à un territoire dont les frontières sont imposées de l’extérieur. Il souligne combien l’appartenance culturelle est mise à l’épreuve dans des choix politiques, en l’occurrence ici sa singularité face à un Etat national perçu comme « agresseur ». Dans cet article, je reviens sur l’histoire récente des luttes politiques awajun à partir de « morceaux » apparus dans les discours des personnes rencontrees et interroge l’idee d’appartenance culturelle.