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Au-delà de la grammaire et de la taxinomie : l’expérience cognitive et la responsivité de l’ornement dans les arts de l’Islam

dans Institut national d'histoire de l'art


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  • Date
    • 2013-08-14T02:00:00Z
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    • Le terme d’« ornement » a été un vrai topos – et l’est encore aujourd’hui – lorsqu’il s’agit de définir et de décrire un art soi-disant « islamique ». Il importe d’éclairer cette position de manière critique : dans les études pré-scientifiques sur l’ornement menées par des théoriciens de l’art du xixe siècle tels qu’Owen Jones, on constate le point de départ pour une approche essentialiste et taxinomique de l’ornement, laquelle, par l’intermédiaire de la méthode de l’histoire des styles d’Alois Riegl, a également marqué profondément l’histoire de l’art du xxe siècle. Des spécialistes de l’art islamique, comme Ernst Kühnel et Titus Burckhardt, ont poursuivi dans cette voie qui appréhendait l’ornement principalement sous l’angle formel, ou bien comme une constante universelle. Seule depuis les dernières décennies, une nouvelle approche s’est frayée le chemin. C’est avant tout Oleg Grabar qui a considéré l’ornement comme porteur d’expressions et de messages, en partant des idées issues de la psychologie de la perception et de l’histoire de la réception, introduites dans l’histoire de l’art notamment par Arnheim et Gombrich. Des travaux plus récents, comme ceux de Gülru Neçipoğlu et de Valérie Gonzalez, ont souligné et élargi cette position en mettant en avant une perspective intellectualisée de l’ornement et de la géométrie.Le présent article partage ses principales positions avec ces nouvelles approches de l’ornement dans l’Islam. Mais ce faisant, il se concentre sur les qualités communicatives et expressives des œuvres d’art qui disposent d’un large éventail formel. L’argumentation se déroule de façon anhistorique à travers quelques exemples significatifs qui émanent principalement des premiers siècles du règne islamique, à commencer par le Dôme du Rocher et sa décoration en marbre et mosaïques, et par les boiseries de la mosquée al-Aqsa, dont la richesse et la puissance des motifs végétaux expriment directement le triomphe et l’expansion territoriale de l’époque. D’autres exemples, comme la façade ornée du palais de Mshatta, les travaux en stuc de Samarra et les ivoireries fatimides, montrent des modes artistiques différents d’un art prétendument décoratif, des modes qui résistent à des schémas d’interprétation universels et taxinomiques et qui, vus de près, dépassent largement les seuls ingrédients décoratifs et le statut de phénomène superficiel. C’est donc le terme même d’ornement qui devient douteux. Il faudrait plutôt poser la question d’une véritable « ornementologie » qui, parallèlement à l’iconologie, pourrait convenir davantage aux caractéristiques de cette variante de l’expression artistique.
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