L’histoire de l’art n’a que tardivement intégré la caricature du xxe siècle dans son champ d’étude, en dépit de sa diffusion croissante. Cet objet a longtemps passé pour partisan et utilitaire, ingrat et régressif, sans grande valeur artistique. Les historiens – des sensibilités et de la culture –, les sociologues, les anthropologues, les politistes et les sémiologues ont donc été les premiers à l’interroger comme archive ou document, mais sans toujours s’intéresser à sa structure graphique ou à son imaginaire symbolique. Depuis une vingtaine d’années, dans la lignée des approches initiées par Ernst Gombrich, Ernst Kris, Werner Hofmann ou Michel Melot, des travaux sont consacrés à la caricature du xxe siècle, à ses mécanismes et ses fonctions d’usage, dans une perspective esthétique. En écho aux propositions post-modernes, il convient désormais d’en évaluer le langage formel et expressif qu’adoptent les artistes, selon un double processus de translation et de déterritorialisation, indépendamment de ses vocations comiques et polémiques initiales.